Venezuela

Venezuela : Quelle issue à la crise?

Depuis le 6 décembre 2015, le Venezuela connaît une crise institutionnelle entre la présidence de la République et le nouveau Parlement, où la droite est majoritaire. Ainsi, le Parlement vient de refuser la prolongation de l’«état d’urgence économique» décrété le 17 février 2016 par le président Nicolás Maduro. 

Le 12 mars,  la coalition d’opposition Mesa de Unidad democratica (MUD) a organisé des manifestations à Caracas et dans d’autres villes du Venezuela pour demander le départ du président. Actuellement, elle hésite entre un référendum révocatoire à mi-mandat (en 2016) ou un racourcissement du mandat présidentiel.

Le gouvernement vénézuélien, lui, est confronté à trois options: «la première est de préserver les droits politiques et démocratiques du peuple travailleur en renversant par des mesures révolutionnaires le cours de déclin généralisé du pouvoir chaviste. La deuxième est de passer un pacte avec la bourgeoisie pour former un gouvernement de transition, ce à quoi s’emploient déjà quelques dirigeants du PSUV [Parti socialiste unifié du Venezuela]. La troisième consiste à attendre impavides et impuissants d’être chassés par un référendum révocatoire» (Modesto Emilio Guerrero, Inprecor, nº 623, janvier 2016).

L’actuel jeu de ping-pong entre le gouvernement, le Parlement et la Cour suprême n’est toutefois pas une solution aux problèmes fondamentaux du pays.

L’un de ces problèmes les plus importants, c’est qu’avant même l’arrivée au pouvoir de Hugo Chávez, l’économie vénézuélienne reposait sur la rente pétrolière. Durant ces 17 dernières années, les revenus du pétrole (alors à un prix élevé) ont permis de financer les programmes sociaux du gouvernement bolivarien. Par contre, «le chavisme n’a pas été en mesure de réduire sa dépendance rentière (…). Il n’est pas parvenu à créer un tissu industriel, ni à relancer la production agricole, ni même à établir une économie de services moyennement compétitives» (Juan Agulló & Rafel Rico Ríos, Inprecor, nº 623, janvier 2016).

La chute des prix pétroliers, ces dernières années, a donc contribué à miner les bases du système. Par ailleurs, après la crise financière de 2008, les banques privées en faillite n’ont pas été nationalisées, mais renflouées par l’Etat, qui a mis en place un contrôle partiel des changes au lieu d’un contrôle strict.

Il faut signaler que Marea Socialista (ex-courant marxiste-­révolutionnaire au sein du PSUV, constitué en organisation indépendante) présente un programme de lutte en 5 points opposé à la droite et à la ligne gouvernementale :

  1. limiter le pillage de la nation ;
  2. impunité zéro pour la grande corruption ;
  3. garantir la fourniture d’aliments et de médicaments ;
  4. un salaire qui corresponde au coût du «panier de base»;
  5. défense de tous les droits et garanties démocratiques, sociales, politiques et économiques établies par la Constitution.

 

Pour Gonzalo Gómez Freire (coordinateur de Marea Socialista et fondateur du site Aporrea.org), «au lieu de sacrifier le peuple, il faut récupérer les ressources détournées, en appliquant l’article 116 de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela, qui permet de confisquer les biens des responsables (bureaucrates et capitalistes) ayant causé de grands dommages au patrimoine national» (entretien avec Union Radio, 17.2.2016).

Hans-Peter Renk