Le système électoral comme moyen de régler les tensions cantonales?

La réforme des institutions suit son cours entre le Conseil d’État qui voudrait renforcer son autorité et les calculs d’épiciers au sein des grands partis cantonaux, PLR et PS en tête.

La première mesure phare de la réforme qui sera discutée au parlement en avril est la diminution du nombre total de député·e·s de 115 à 90. La circonscription unique est la deuxième. Le Conseil d’Etat propose en outre un quorum à 6 % avec le maintien des apparentements. La commission du Grand Conseil aggrave l’aspect anti-démocratique de cette réforme en proposant de supprimer les apparentements tout en maintenant un quorum électoral à 3 %. Elle veut aussi interdire certains doubles mandats, ce qui pourrait être une bonne mesure si, si on n’y soupçonnait pas la volonté des deux grands partis cantonaux de limiter l’influence parfois gênante des communes. On peut regretter à ce titre que la majorité ne souhaite renforcer les règles d’incompatibilités.

En parcourant le rapport, on comprend vite que l’objectif pour le gouvernement (3 PSN, 2 PLR) est d’avoir un parlement vidé de représentations communales fortes et de petites formations contestataires. Autrement dit, de transformer le Grand Conseil en une grande chambre d’enregistrement proto­colaire pour le Conseil d’Etat.

Les tensions entre Haut et Bas reflètent des contradictions politiques qu’on ne peut réduire au système électoral… La privatisation accrue du secteur de santé et la centralisation des infrastructures sont des questions de fond qui ne sont pas des questions d’esprit de clocher, n’en déplaise à la députée PLR Haeny. La circonscription unique aiguisera les oppositions Haut/Bas et conduiront à des alliances régionalistes aux dépens des réflexions et des propositions de transformation de l’Etat.

Une autre proposition de réforme porte sur le prolongement des législatures de 4 à 5 ans pour des questions d’efficience du parlement. Pour le renforcement des moyens de la démocratie représentative, la mesure rate à nouveau sa cible.

La démocratie est en crise un peu partout, parce que la société l’est. Penser résoudre les contradictions sociales par la professionnalisation, la centralisation du pouvoir et la mise à l’écart des minorités est une illusion. Derrière une apparence d’efficience et d’unité, c’est avant tout un appauvrissement des possibilités démocratiques qui se dessine .

Dimtri Paratte