Inégalités salariales, inégalités des retraites

Inégalités salariales, inégalités des retraites

Les bas salaires, les inégalités salariales imposés aux femmes durant leur vie professionnelle, mais aussi les temps partiels contraints ont une répercussion directe, non seulement durant leur vie professionnelle, mais aussi dans leur retraite. Alors qu’elles ont travaillé toute leur vie, la moitié des salariées n’ont pas de 2ème pilier ou touchent une somme insignifiante, qui les force à vivre dans la pauvreté et à quémander des prestations complémentaires. Les femmes touchent des rentes AVS moins élevées; elles sont aussi plus souvent et plus longtemps dépendantes des prestations complémentaires (qu’elles renoncent souvent à réclamer, parce qu’elles les ressentent comme une assistance humiliante).


La 11ème révision de l’AVS vise particulièrement les femmes: relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans (445 millions); suppression de la rente de veuve (250 millions); indexation ralentie de l’AVS (100 millions). En tout, 795 millions d’économies prévues sur le dos des femmes! Et ce n’est que l’apéritif… Couchepin annonce déjà la suite du menu: adaptation des rentes, uniquement en fonction du renchérissement et non plus d’après l’indice mixte (qui tient compte aussi de l’évolution des salaries); relèvement de la TVA: +1,8 points dès 2025; +3,4 points dès 2040; augmentation de l’âge de la retraite pour toutes et tous: à 66 ans en 2015 et à 67 ans en 2025!

Couchepin attaque de front

Et pourtant, aujourd’hui déjà, 45% des femmes et 28% des hommes touchent des prestations AVS ou AI avant l’âge actuel de la retraite. Un arrêt «prématuré», bien souvent contraint, dont on voit les effets au niveau de l’assurance chômage et de l’assistance publique, qui prennent en charge un nombre croissant de salarié-e-s âgés jetés à la rue.


Les propositions Couchepin sont destinées à créer la panique pour faire avaler de nouvelles couleuvres: différer encore et encore notre droit au repos. Travailler bientôt jusqu’à 70 ans. Comme si l’AVS était au bord du gouffre… Ce qui est loin d’être le cas!1. En réalité, la défense de nos retraites passe par un partage moins scandaleux de toutes les richesses produites par les salarié-e-s, dans le développement d’une véritable politique familiale et la sortie de l’actuel système des 3 piliers, vers de véritables retraites populaires fondées sur la solidarité.

Défendre la solidarité

Plutôt que de nous laisser impressionner par ceux qui peignent le diable sur la muraille pour nous faire accepter le pire, engageons dès maintenant et fermement nos forces et notre créativité pour l’application de l’article 112 de la Constitution – aujourd’hui systématiquement bafoué – qui stipule clairement que les rentes AVS doivent «couvrir les besoins sociaux de manière appropriée».


Debout les femmes: battons-nous pour que la prévoyance vieillesse ne devienne pas une prestation d’assistance, pour que le principe de la solidarité entre les générations et les sexes soit le véritable fondement du système de retraites. Et surtout, pour que l’égalité ne devienne pas un prétexte pour démanteler l’AVS et nous imposer à l’heure de la retraite des conditions de vie encore plus difficiles.


Marianne EBEL et Catherine LAUBSCHER PARATTE

  1. «L’AVS a bouclé ses comptes 2001 avec un bénéfice de 538 millions. Le fonds de compensation de l’AVS s’élevait alors à 23,3 milliards de francs, soit 80% des dépenses annuelles (OFAS, statistique de l’AVS 2002).