Santé

Santé : Une convention de travail gravement menacée

Instaurée en juillet 2004, la convention collective du secteur de la santé neuchâteloise (cctsante21.ch) voulait rendre attractif un secteur aux conditions de travail difficiles (fonctionnement 24h/24). Or, les négociations paritaires, conclues en juin 2016, se soldent par une version défavorable au personnel.

Dès le 1er janvier 2017:

  • l’horaire hebdomadaire passe de 40 à 41 h ;
  • les indemnités (week-end) passent de 8 fr. à 6 fr. par heure ;
  • versement des indemnités de nuit jusqu’à 6 h du matin (au lieu de 7 h) ;
  • garantie de 10 jours fériés (contre 12 aujourd’hui), s’ils tombent sur des week-ends ;
  • congé-paternité de 5 jours généralisé ;
  • augmentation de la grille salariale de 1,2 %, mais sans échelon en 2017.

En août 2016, deux associations (ou plutôt leurs directions, qui en ont simplement informé leurs adhérent·e·s) ont approuvé cette CCT remodelée: l’Association suisse des infirmier·e·s et le syndicat chrétien SYNA. Selon des informations dignes de foi, des membres de l’Association Suisse des Infirmier·e·s, mécontents de cet accord, ont démissionné.

Le Syndicat des Services Publics avait tenu deux assemblées, les 23 août et 12 septembre 2016 [cf. compte-rendu: ssp-vpod.ch/service/le-journal-services-publics.html, nº 14, 2.9 ; nº 15, 16.9.]. Vu l’égalité des voix lors du vote entre membres du SSP, le 12.9, une votation générale sera organisée jusqu’à fin septembre. Il eût été plus judicieux d’utiliser le temps de cette consultation pour organiser la résistance aux multiples pressions des employeurs.

Une résistance par en bas nécessaire

Ainsi, un communiqué de la commission faîtière de la CCT-santé 21 affirme: «Les partenaires ont privilégié les dispositions qui permettront une extension de la grille salariale et ont concédé des économies sur d’autres dispositions, comme les horaires de travail, les indemnités ou encore les jours fériés» (L’Impartial, 16.9.2016). Les employé·e·s ont certainement un autre avis…

Or, depuis trois ans, le contenu de la CCT a été attaqué sans cesse. Ainsi, en 2012, le groupe Genolier (GSMN SA) avait posé comme condition pour acquérir l’Hôpital de La Providence – ce qui fut fait le 18 février 2013 – la résiliation de cette CCT par les propriétaires de l’Hôpital. Pour défendre le maintien de la CCT, une grève a eu lieu, de fin novembre 2012 à mars 2013, à La Providence.

De plus, «le politique suivant en boitant l’économique» (Friedrich Engels), le conseiller d’Etat «socialiste» Laurent Kurth (ministre de la santé et des finances réunies) avait préconisé, en 2013 aussi, une renégociation (à la baisse, avant terme) de la CCT-santé 21.

Il ne faut pas sous-estimer l’enjeu de la confrontation actuelle. La résistance à cette dégradation de la CCT est importante et nécessaire. Si les employeurs l’emportent, ils pourraient en 2020 (nouvelle échéance de la CCT-santé 21) réclamer de nouvelles dégradations du statut du personnel. Un mauvais exemple qui inspirera(it) certainement les employeurs dans d’autres cantons.

Hans-Peter Renk