Un siège de banque = des milliards contre le climat

Vendredi 25 novembre, le bien-nommé passage de la Monnaie à Genève s’est animé d’un drôle d’attroupement: en effet, alors que certain·e·s distribuaient des tracts ou jonglaient avec des rubans de couleur, d’autres, affublés d’une chaise sur la tête, répétaient en cœur la teneur d’une lettre adressée par le Collectif Breakfree Suisse «Sortons des énergies fossiles! » à la direction du Crédit Suisse voisin, déjà remise ce printemps et restée sans réponse depuis.

 CBL

Il y avait trois raisons  pour faire le siège de la banque avec des chaises. Au même moment, la COP 22 venait de s’achever, sans réussir à garantir un fonds de $ 100 milliards pour aider les pays du Sud à faire face au changement climatique, alors que des centaines de milliards sont soustraits au fisc, plus ou moins légalement, notamment via la place financière genevoise. D’autre part, ces mêmes banques investissent 9,5 fois plus dans l’extraction des énergies fossiles que dans les renouvelables, alors que 80% des réserves connues devraient rester dans le sol. Enfin, l’action s’inscrivait dans la solidarité avec Jon Palais, poursuivi en France pour «réquisition de chaises» à la banque Paribas.

La COP 22 confirme la contradiction dessinée à la COP 21 de Paris: si le constat sur la gravité de la situation est partagé, les moyens ne suivent pas: déclarations volontaires – et non-contraignantes – des Etats, et surtout totalement insuffisantes face aux enjeux. En effet, selon l’Organisation météorologique mondiale, 2016 aura très probablement été l’année la plus chaude depuis le début des relevés.

A la COP 22, moins de 0,1% du fonds d’adaptation pour les pays du Sud aura été récolté. Et dans le même temps, les gouvernements du G7 et l’Australie versent toujours près de 67 milliards de dollars d’argent public par an pour soutenir la production d’énergies fossiles.

Quant à nos « honorables » institutions bancaires, elles ne sont pas en reste, puisqu’elles ont investi massivement, notamment dans le fameux oléoduc du Nord-Dakota (DAPL), contesté en première ligne par des autochtones amérindiens de Standing Rock. Crédit Suisse et UBS possèdent respectivement plusieurs centaines de millions d’actions liées à ce projet. La place financière suisse «favorise un scénario induisant un réchauffement climatique mondial de 4 à 6 degrés Celsius», comme le rappelait une récente étude de l’Office fédéral de l’environnement. Il ne fait pas de doute que le collectif #breakfree aura encore quelques sièges à faire!

Sébastien Bertrand