Grand Conseil

Grand Conseil : Le budget 2017 voté de justesse

Pendant quelques semaines, ils ont joué à se faire peur… comme si l’absence de budget eût été un drame absolu… A coup de séances supplémentaires et de séances nocturnes, une majorité qualifiée s’est finalement trouvée pour voter un budget déficitaire de 50 millions.

Le cadre de ce budget était clairement fixé: austéritaire et anti-social. La question était jusqu’où peut-on aller? Suivie d’aucune mobilisation significative (à part la grève des enseignant·e·s), la manifestation contre l’austérité organisée par le comité de crise n’aura guère servi qu’à limiter un tant soit peu la casse. Au bout du compte, après de nombreux compromis, deux objets ont polarisé le débat. La droite (PLR, UDC) tenait à l’application dès 2017 d’une réforme de l’imposition des personnes physiques favorable aux plus riches: baisse du taux maximum d’imposition pour les plus hauts revenus, et donc baisse de leurs impôts, mais statu quo pour tous les autres. A gauche, c’est la réduction des subventions qui ne passait pas (politique sociale, culture,…).

Finalement un compromis s’est trouvé avec un déficit de 50 millions. La baisse d’impôts sur les hauts revenus a été coupée de moitié, les coupes dans les subventions ont été réduites elles aussi. Il fallait 69 voix (3/5 des député·e·s) pour faire passer ce budget de compromis PS-PLR. Finalement ce sont 71 député·e·s qui l’ont accepté (dont 1 Pop et 3 Verts) ; 41 député·e·s l’ont rejeté dont un seul PS, Alexandre Houlmann, qui a déclaré «qu’il n’a pu se résoudre à accepter un budget qui péjore à ce point la situation des plus faibles et offre dans le même temps un allègement fiscal aux plus fortunés».

De toute façon, budget ou pas, la politique d’austérité va se poursuivre. La réforme fédérale de l’imposition des entreprises (RIE 3), la centralisation hospitalière et la conjoncture incertaine de l’horlogerie s’ajouteront aux difficultés prévues. Dès le 1er janvier 2017, tous les employé·e·s de l’Etat vont voir leur horaire de travail passer de 40 à 41 heures hebdomadaires, ce qui se traduira par des suppressions d’au moins 60 postes de travail. Les salaires des enseignant·e·s vont baisser ; leur grève exemplaire n’aura pas suffi pour faire céder le Conseil d’Etat sur ce point (pour calmer le jeu et remettre les enseignant·e·s au travail d’autres revendications relatives à leurs conditions de travail ont été prises en compte). Voilà dans quelle conjoncture se trouvent tous les partis à la veille des élections cantonales qui auront lieu le printemps prochain, au mois d’avril. HVu