Trumpisme climatique

Trumpisme climatique : Des fanatiques du capitalisme propagent un négationnisme nauséabond

Daniel Tanuro de la LCR belge, a publié le 12 janvier un article qui tombe à pic, à l’heure de l’accession du climato-négationniste Trump à la présidence US. Il s’agit d’une critique méthodique du discours d’Istvan Marko, chimiste et universitaire belge qui prétend que la notion de climat terrestre n’a pas de sens, le réchauffement serait naturel (dû au soleil), que la température moyenne de surface de la Terre n’augmenterait plus depuis 20 ans, que la hausse de la concentration atmosphérique en CO2 ne présenterait aucun danger, que rien ne prouverait qu’elle cause un réchauffement, etc. Peu après la COP 21, Marko avait donné une longue interview vidéo à l’Alliance pour la Démocratie Directe en Europe (ADDE), qui rassemble l’UKIP de Nigel Farage et d’autres formations de droite extrême. Quelques années avant, il avait cosigné un ouvrage climato-négationniste avec l’ultralibéral Drieu Godefridi, cofondateur de l’Institut Hayek. Nous en publions ici un extrait où Daniel Tanuro analyse les motivations du «Faurisson climatique, de l’Université catholique de Louvain» et de ses acolytes. [Réd]

Leurs motivations correspondent tout à fait à l’analyse que Naomi Klein a faite des climato-négationnistes: ces gens sont des fanatiques du capitalisme. Ils ont compris que le réchauffement climatique pose la question des limites du développement matériel sur une planète finie.


Marko

Ils ont donc compris que ce phénomène met objectivement en question la tendance du capital à l’accumulation infinie pour le profit. Comme cela leur est insupportable, ils décident tout simplement de nier l’origine «anthropique» du réchauffement – voire même de nier le phénomène lui-même. […]

Manipuler les données

Le chimiste de l’UCL, lui, se place sur le terrain des sciences exactes. Ou plutôt: il feint de s’y placer ; car, on l’a vu, Monsieur le Professeur n’hésite ni à manipuler les données, ni à utiliser des semi-vérités pour faire passer de vrais mensonges. L’angle d’attaque est différent mais le but est le même: écarter toute objection écologique à la libre croissance du marché libre. Dans son interview à l’ADDE, M. Marko fustige les subsides accordés aux renouvelables (il «oublie» que les fossiles sont subsidiés mondialement à hauteur de 550 milliards de dollars!). Ces subsides sont inacceptables, dit-il, car ils faussent les lois sacro-saintes de la «libre» concurrence, donc «notre liberté». Ce thème de la «liberté» est d’ailleurs la spécialité d’un autre fanatique: Corentin de Salle. Quant à Clarinval, il porte les combats du club sur le terrain de la politique institutionnelle.

Un trait distinctif de ce think tank est la propension à manipuler l’opinion publique. On comprend aisément pourquoi: Messieurs les climato-négationnistes ayant perdu la bataille sur le terrain de la science, ils espèrent regagner le terrain perdu en usant de flatterie sociale. Le Professeur Marko, par exemple, ironise sur le coût du fonctionnement du GIEC et des programmes de recherche sur l’évolution du climat. Démagogique, il affirme que cet argent pourrait être investi plus utilement, par exemple dans l’aide au développement des pays du Sud. Cette démagogie est semblable à celle de Trump, qui prend prétexte du coût des recherches de la NASA pour supprimer une source majeure et très gênante d’observations confirmant la réalité du réchauffement.

Manipuler la colère des travailleurs

La victoire de Trump ouvre de nouveaux horizons à MM. Marko, Godefridi, de Salle et Clarinval. Le populisme qui a fait ses preuves aux USA pourrait les tenter. MM. Clarinval et de Salle ont déjà fait une tentative récemment en cosignant une tribune libre où ils affirmaient que la fermeture de Caterpillar à Gosselies était due aux normes environnementales. On voit clairement l’intention: manipuler la colère des travailleurs·euses contre le néolibéralisme pour les amener, au nom de l’emploi, à soutenir un projet ultralibéral de suppression de toutes entraves à la liberté d’entreprendre. Pour ferrer le poisson, on n’évoque que les entraves écologiques, mais il est bien évident – et logique du point de vue capitalisme – que les entraves sociales sont dans le collimateur également. En clair: ces Messieurs veulent se servir des victimes du capitalisme pour porter au pouvoir les porte-paroles d’un capitalisme encore plus impitoyable.

Tout cela n’a rien, strictement rien à voir avec la science. Il ne s’agit pas de doute ou de «scepticisme» mais de populisme et de négationnisme. Il s’agit du déni cynique, à des fins politiques, de lois bien établies de la physique et de faits observés qui les confirment sans aucun doute possible.

La responsabilité d’Istvan Marko en tant que professeur de sciences au sein d’une université importante est donc particulièrement lourde. Au niveau actuel de connaissance du changement climatique et de ses dangers, quelle différence méthodologique y a-t-il entre le déni de la menace climatique – qui menace la vie de centaines de millions de gens – et le déni des camps d’extermination nazis – où six millions d’êtres humains ont été assassinés? M. Istvan Marko est le Faurisson climatique de l’UCL. Il devrait être traité comme tel.

Daniel Tanuro

Coupe, titre et intertitres de notre rédaction

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