«Appel d'elles»

«Appel d'elles» : Soutien urgent

Pas une semaine ne passe sans que de nouveaux «renvois Dublin» ne menacent des mères d’enfants en bas âge, enceintes d’un bébé, et qui ont vécu l’enfer jusqu’à leur arrivée en Suisse. Elles croyaient être enfin arrivées en lieu sûr après avoir subi des violences inouïes. Mais il n’en est rien: parce qu’elles ont traversé l’Italie, les Balkans ou un autre pays d’Europe dans lequel elles n’ont pas demandé l’asile – tout simplement parce qu’elles n’y étaient pas accueillies dans des conditions rassurantes et suffisantes – elles y sont renvoyées pour y avoir laissé une empreinte forcée.

Les exemples et les témoignages se multiplient: «Je n’ai reçu aucune aide à mon arrivée en Italie, j’ai dû mendier et dormir dans la rue avec mes enfants, alors que j’étais en plus enceinte de plusieurs mois»; «Je suis arrivée en Croatie, seule avec ma petite fille d’un an, je n’ai pas pu rester là parce qu’il n’y avait pas de place pour nous». Mais à peine arrivées, les voilà renvoyées de Suisse. A Neuchâtel, la Marche mondiale des femmes, Recife, l’Association des droits des femmes et solidaritéS Femmes se sont associées à Droit de Rester pour lancer, comme dans le canton de Vaud, «L’Appel d’elles» adressé aux autorités fédérales.

Bien que les motifs de fuite propres aux femmes soient reconnus et inscrits dans la loi sur l’asile suisse depuis 1998, force est de constater que, dans la pratique, les autorités fédérales n’en tiennent guère compte. Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) passe comme chat sur braise sur l’article 3, alinéa 2, de la loi sur l’asile, qui précise qu’«il y a lieu de tenir compte des motifs de fuite spécifiques aux femmes» et sur les directives consignées dans un manuel intitulé Asile et Retour/Persécutions liées au genre, édité en 2008 par l’Office fédéral des migrations. Et que la Suisse soit aussi signataire de la Convention relative aux droits de l’enfant, conclue à New York en 1989 et entrée en vigueur pour la Suisse le 26 mars 1997, ne retient visiblement nullement le SEM dans ses décisions de renvois.

«L’Appel d’elles» demande de:

  1. reconnaître les violences faites aux femmes dans leur parcours migratoire comme raison d’entrée en matière immédiate sur leur demande d’asile et éradiquer tout discours culpabilisant à leur égard;
  2. prendre en charge systématiquement les femmes et enfants victimes de séquelles physiques et psychologiques dues aux violences subies dans leur pays d’origine et/ou lors de leur parcours migratoire;
  3. arrêter immédiatement les renvois de femmes et d’enfants vers l’Italie ou tout autre pays qui n’est pas en mesure d’assurer leur protection.

Samedi 17 juin, lors de la journée internationale des réfugié·e·s, cet appel pourra être signé en ville de Neuchâtel. solidaritéS se joint à cette démarche et participera à la récolte de signatures. Les mères arrivées en Suisse avec un ou plusieurs enfants, les femmes enceintes, comme toutes celles qui ont subi un viol ou des violences dans leur pays d’origine ou sur la route de leur exil, doivent bénéficier de mesures de protection spécifiques interdisant des renvois forcés.

Marianne Ebel

Appel à signer sur appeldelles.ch