Référendum PV2020:

Référendum PV2020: : Pari réussi!

A l’heure où nous mettons sous presse, le référendum contre le projet Prévoyance vieillesse 2020 est en passe d’aboutir. Cent jours d’une récolte acharnée, portée par des militant·e·s infatigables, auront ainsi permis de récolter quelques 70000 signatures, dont environ 15000 pour la seule composante de solidaritéS. Un effort colossal compte tenu du contexte politique d’un référendum minoritaire, porté pour l’essentiel par les régions latines. Un succès qui démontre également l’ampleur des préoccupations de la population face à la dégradation des retraites prévue dans PV2020.

Toutes celles et ceux qui ont participé à des récoltes dans la rue auront pu le constater. Les motivations exprimées par les personnes qui ont pris la peine de signer ce référendum, qu’elles disent leur ras-le-bol d’une société les appelant à travailler toujours plus, ou leur refus de cotiser davantage pour des rentes de 2e pilier incertaines, témoignaient d’une réelle opposition de gauche à PV2020. En cela, le pari que nous avions fait au lancement de ce référendum, consistant à imposer que le débat se fasse sur l’élévation de l’âge de la retraite des femmes et la baisse du taux de conversion du 2e pilier, plutôt que sur la simple élévation de la TVA pour financer l’AVS, est réussi.

Il s’agit désormais de transformer l’essai! Durant les deux prochains mois, les partisans de PV2020 qu’ils soient du centre-droit ou du centre-gauche vont engager toutes leurs ressources dans la bataille pour assurer leur image de partenaires incontournables, à même d’établir des compromis gagnants, quitte à avoir recours aux raccourcis mensongers. Techniques et mal connus de la population, les mécanismes des assurances sociales qui entourent la prévoyance-vieillesse se prêtent en effet facilement au jeu des manipulations. Pour dissiper ces écrans de fumée, il est donc nécessaire que nous orientons le débat, là où nous sommes présent·e·s, sur la question de fond que représente l’élévation de l’âge de la retraite des femmes et plus généralement l’accroissement du temps de travail entraîné par le fait de différer le départ en retraite.

Sans relâche, il nous faudra continuer à marteler l’idée que les femmes n’ont pas à être sacrifiées sur l’autel d’une augmentation de l’AVS dont elles ne pourraient profiter, au mieux, que si elles arrivent à l’âge de 94 ans; il nous faudra aussi rappeler que l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes n’est que la pointe de l’iceberg d’un projet déjà annoncé de report de la retraite de tous et toutes à 67 ans. Confronté·e·s parfois à la résignation de celles et ceux qui voient ce changement comme inéluctable à cause du vieillissement de la population, nous devrons prendre notre bâton de pèlerin pour expliquer que la productivité et la masse salariale sur laquelle sont prélevées les cotisations AVS n’ont jamais été aussi élevés, malgré le recul du nombre d’actifs en proportion de l’ensemble de la population.

Enfin, et surtout, la campagne qui démarre maintenant doit être l’occasion d’ouvrir le débat sur un système largement axé sur la capitalisation privée, dont les montants inégalement répartis perpétuent à la retraite les discriminations vécues durant la vie active. Il s’agit désormais de confronter celles et ceux qui clament que PV2020 est une victoire historique de renforcement de l’AVS aux contradictions d’un système de prévoyance qui court à sa perte et ne peut nous amener que de reculs en reculs. Au contraire d’un affaiblissement du 2e pilier, PV2020 représente en effet un accroissement de la masse financière gérée par les caisse de pensions prévu à hauteur de 1,2 milliards de cotisations supplémentaires en 2030. Une manne pour les marchés privés dont ne bénéficieront jamais les assuré·e·s, compte tenu de la baisse durable des taux d’intérêts.

Introduit dans le régime obligatoire en 1985, le 2e pilier n’est pas un horizon indépassable comme en témoigne notre projet de fusion de l’AVS et du 2e pilier. Permettant de financer un système plus sûr et plus juste, le rapatriement des fonds actuellement contenus dans le 2e pilier au sein de la seule AVS permettrait ainsi d’assurer, sur le long terme, des retraites comprises entre 3800 et 9000 francs par mois, soit une augmentation de 2625 francs par rapport à la rente AVS minimale actuelle. De quoi améliorer la situation de nombreux et surtout nombreuses retraité·e·s, condamné·e·s aujourd’hui à avoir recours aux prestations complémentaires pour survivre, après des années de dur labeur.

Initiée dans la rue, la victoire contre PV2020 dans les urnes est une étape nécessaire qui doit nous servir de tremplin vers un véritable changement de paradigme. Le 24 septembre votez et faites voter deux fois non!

Audrey Schmid