Solidarité

Solidarité : Insoumise aux injonctions patriotiques

Elue à l’Assemblée nationale sous la bannière France Insoumise, la députée Danièle Obono, militante noire née au Gabon, a été rappelée à l’ordre patriotique par les présentateurs des Grande Gueules (GG) sur la chaîne radio RMC.

C’était le 21 juin dernier. Les animateurs l’interrogeaient sur son soutien, en 2012, à une pétition en défense du groupe de rap Z.E.P., alors mis en examen pour avoir écrit le texte Nique la France. Danièle Obono l’a réaffirmé: «pour défendre la liberté de ces artistes, oui je suis fière d’avoir signé cette pétition, y compris aujourd’hui en tant que députée». Tout en précisant que la plainte contre Z.E.P. venait d’un groupe d’extrême droite, la militante a rappelé la tradition pamphlétaire de la chanson française. Si l’on se remémore la «nation de porcs et de chiens» d’André Breton, ou le «j’baise ma Marseillaise» de Ferré, les «Nique la France et son passé colonialiste, […] et ses réflexes paternalistes» du groupe Z.E.P. sont peu de choses.

Mais goûtant mal ce soutien réaffirmé, les «journalistes» des GG n’en sont pas restés là: «Mais vous aujourd’hui, avec votre parcours, d’être devenue députée, vous dites ‹vive la France!›. Sous-entendu: Vous, femme noire née à l’étranger, vous ne pouvez qu’être fière et reconnaissante. Et face au refus de Danièle Obono de se mettre au garde-à-vous, le tribunal médiatique a délivré sa sentence: «Vous signez plus facilement nique la France que vous ne dites ‹vive la France› Signataires de cette même pétition, des personnalités comme Olivier Besancenot, Christine Delphy ou Clémentine Autain n’ont jamais été mis en cause pour leur soutien. Différence? Elle est noire; ils et elles sont blancs.

«C’est une injonction, a déclaré Danièle Obono le 3 juillet dans une interview à la revue en ligne Ballast. Avec tout ce qu’elle a de paternaliste, de condescendante et de néocoloniale, voire de raciste. Ils me renvoient au Gabon et à l’école de la République: d’une part, elle n’est pas la seule à m’avoir éduquée; d’autre part, c’est un droit! Je ne me sens pas redevable.»

S’en est suivie toute une polémique nauséabonde dans les grands médias, largement alimentée par le Front National et la fachosphère qui gravite autour.

Danièle Obono est venue en Suisse en mai dernier. Elle a participé à l’Université de printemps de solidaritéS pour intervenir dans le cadre de discussions sur le féminisme, l’afroféminisme et la Pop Culture. Tout en nous remémorant avec plaisir sa présence enrichissante, nous lui affirmons ici notre plein soutien! PC

Entretien dans la Revue Ballast (revue-ballast.fr)

Pétition de soutien à signer sur: soutenonsdanielleobonocontrelefn.wesign.it/fr