Référendum d'indépendance en Catalogne

Référendum d'indépendance en Catalogne : La lutte doit continuer

Notre rédaction s’est entretenue avec David Karvala, militant d’ Unitat Contre il Feixisme, sur la situation en Catalogne alors que la répression de l’Etat espagnol s’abat sur le référendum et ses principaux représentant·e·s

Rassemblement de solidarité, Lausanne, 23 septembre

Pourrais-tu nous dire qu’est-ce qui se passe actuellement en Catalogne?

L’Etat espagnol essaie d’empêcher le référendum sur l’indépendance catalane le 1er octobre.

Le premier ministre conservateur Mariano Rajoy et son gouvernement minoritaire ont annoncé la semaine dernière qu’ils mettraient les finances du gouvernement catalan sous leur contrôle. Cela pourrait être une évolution vers la suspension de l’autonomie catalane.

En même temps, le gouvernement Rajoy a obtenu des décisions «éclair» par la Cour constitutionnelle espagnole, qui renversent les lois convenues au parlement catalan sur le référendum et ses éventuels résultats.

Les médias n’en parlent pas, mais on sait qu’il y a une répression effrayante. Comment s’exprime-t-elle?

Sur le plan de la répression, suite à la manifestation d’un million des personnes à Barcelone en faveur de l’indépendance, les autorités espagnoles avaient menacé légalement toutes les personnes impliquées dans la tenue du référendum, des politicien·ne·s mais aussi de simples travailleuses et travailleurs. Ils ont émis une assignation à 750 maires parce qu’ils avaient autorisé que les locaux des conseil communaux puissent être utilisés comme bureaux de vote.

La Guardia Civil a saisi le site officiel du référendum. Ses hommes ont pris d’assaut des imprimeries et ils ont saisi 1,5 million de dépliants et d’affiches pour le référendum, y compris les publications officielles du gouvernement catalan. Le bureau de poste a bloqué la livraison de milliers de copies du magazine publié par l’un des principaux mouvements indépendants, le Omnium Cultural. Les autorités espagnoles ont interdit les réunions concernant le référendum, y compris des réunions de solidarité à Madrid et dans d’autres villes. Les militant·e·s aux stands de rue qui font campagne pour le oui ont vu leur matériel saisi en même temps que la police déchirait des affiches.

Quelles sont les réactions des Catalan·e·s?

De plus en plus de gens désobéissent à la loi, à la police et à l’Etat. Les raids de la police ont n’ont pas empêché les manifestations et les rassemblements. En fait, la politique répressive de l’Etat espagnol mais bien plus en cause l’autorité de l’Etat central que la tenue du référendum.

Le référendum est le résultat de nombreuses années de manifestations massives ; sept d’entre elles ont rassemblés plus d’un million de personnes, alors que la Catalogne en compte 7.5 millions. Environ 80 pour cent de la population catalane est en faveur du référendum et 50 % d’entre eux est favorable à l’indépendance. Le reste est divisé entre ceux qui soutiennent le statu quo et ceux qui préfèrent une solution fédérale – une option exclue par Madrid.

Quelques-uns sur la gauche espagnole, notamment les dirigeants du PSOE, acceptent l’attaque de Rajoy contre la démocratie. Podemos et la Gauche Unie avaient refusé de reconnaître le référendum mais maintenant se prononcent contre la répression.

La coalition Catalogne en Commun, qui comprend des secteurs de Podemos, divers partis communistes et militant·e·s importants du mouvement social, a décidé de participer activement au référendum.

Quelles sont les perspectives pour ce mouvement?

Il faut qu’on défende le référendum et en même temps qu’on se batte, à travers la lutte pour l’indépendance, pour la construction d’une autre Catalogne ; il ne s’agit pas de changer un drapeau pour un autre mais de bien plus que de cela.

Cela devra inclure l’auto-organisation et l’activité militante des travailleurs et des travailleuses dans les bureaux de poste, les imprimeries, les écoles et les autres bâtiments où le la votation aura lieu.

Il existe la perspective d’une grève de protestation en Catalogne contre la répression. La gauche internationale, et surtout dans le reste de l’Etat espagnol, devrait intensifier la solidarité.

Si nous gagnons grâce à une mobilisation de masse, nous serons mieux placés pour les combats à venir.

Propos recueillis par Dimitris Daskalakis


La Catalogne n’est pas seule

Des manifestations de solidarité ont déjà été organisées dans le reste du pays et elles se poursuivront jusqu’à samedi avant le référendum, malgré les menaces de répression. A Séville, le recteur de l’Université a été obligé d’interdire un événement de solidarité, prévu pour le mardi 26 septembre. L’événement se déroulera dans la rue si nécessaire, mais en tout cas cette décision montre que nous faisons face à une attaque de l’Etat espagnol contre les libertés de tou·te·s.

Des mobilisations ont eu lieu la semaine dernière dans toutes les capitales des provinces de l’Etat espagnol et, dans la plupart des cas, elles ont été dirigées vers des bâtiments du gouvernement central. A Madrid, la mobilisation a dû se confronter avec le cœur du mécanisme étatique de répression qui est allé jusqu’à interdire le débat au conseil municipal sur la question catalane. Au pays Basque, ou l’on suppose que la question de l’indépendance est close, trente mille personnes ont manifesté et la pression monte sur le PNV [ndlr: Parti Nationaliste Basque] qui est au pouvoir, afin qu’il ne donne pas un vote de confiance à Rajoy au moment de la plus grande répression en Catalogne après Franco.

Les fascistes ont trouvé l’occasion de sortir sur la route en appelant à «l’unité de l’Espagne». Si dans la majorité des cas ils sont très peu nombreux, il faut toutefois noter l’exception des événements qui ont eu lieu à Saragosse, dont l’intérêt politique est plus général. Les fascistes y ont encerclé la salle où les députés, les maires, les conseillers·ères et autres élu·e·s des quatre coins du pays ont participé à une initiative prise par Podemos et la Gauche Unie pour une «troisième voie» pour sortir de l’impasse Catalan. Les député·e·s de gauche ont été pris en otage par les fascistes qui insultaient et lançaient des objets jusqu’à ce qu’une bouteille ait blessé le président du Parlement aragonais. La réponse du gouvernement Rajoy était de dire qu’il n’était pas en mesure d’envoyer de l’aide parce que… ils avaient envoyé toute la police en Catalogne.

N. Lountos