Les dzodzets dans la grève générale

Le Conseil d’Etat «n’estime pas opportun d’organiser une manifestation cantonale de commémoration de la grève générale de 1918». On le comprend: c’est l’une des pages les plus sombres de l’histoire du canton.


Soldats fribourgeois près de la gare de Berne, devant le Café Rudolf où s’est installé le pc du Régiment 7

Le gouvernement répondait à la demande de deux députés socialistes, apparemment peu au fait des évènements de 1918, car la présence fribourgeoise dans cette grève générale s’est traduite avant tout par l’intervention militaire contre les salarié·e·s. Le Conseil fédéral et les dirigeants de l’armée, effrayés par le succès de la révolution soviétique, ont décidé de frapper brutalement le mouvement de grève. Malgré la fin de la guerre, de nouvelles troupes sont levées et les compagnies fribourgeoises du Régiment 7 reçoivent la mission d’occuper la ville de Berne. L’armée prend le contrôle de la gare, patrouille dans les rues et interdit tout attroupement. Les militaires occupent la rédaction et l’imprimerie du Berner Tagwacht, journal socialiste, et expulsent la mission soviétique de Suisse. L’Abbé Bovet, célèbre chansonnier, «vibre à l’unisson et compose deux chansons pour nos soldats»: Salade russe et La véritable sentinelle.

A cause de la violente répression armée, la grève générale est brisée en trois jours. Quarante-trois soldats fribourgeois perdent la vie, frappés par l’épidémie de grippe espagnole. Aucune victime par contre parmi les dirigeants de la sale besogne fribourgeoise: le lieutenant-colonel de Diesbach, le major de Buman, le premier lieutenant de Meyer, les lieutenants de Weck, de Raemy et von der Weid.

Pierre-André Charrière