Situation problématique dans l'administration cantonale
Entretien avec Claude Grimm, secrétaire régionale du Syndicat des services publics (SSP-RN).
Le 27 septembre, la presse régionale annonçait la suppression de quatre postes de cadres à l’Office cantonal de l’orientation scolaire et professionnelle (OCOSP). Une décision prise sans information aux syndicats, contrairement à la convention liant l’Etat et les associations du personnel. Peux-tu nous en dire plus à ce propos?
En effet, les syndicats, mais aussi le personnel de l’OCOSP, n’ont pas été consultés concernant cette restructuration, qui a été effectuée de manière expéditive. Pour ce faire, le Conseil d’Etat a pris le prétexte qu’il ne s’agissait pas de suppressions de postes, les quatre postes de responsable de secteur devant en principe permettre d’allouer des forces supplémentaires sur le terrain. Bref, le Conseil d’Etat démontre une fois de plus qu’il se moque du partenariat social.
A noter que les quatre cheffes de secteurs étaient très investies dans leur travail et ont assumé, après l’engagement en 2015 d’une cheffe d’office n’ayant aucune expérience du domaine, des tâches allant au-delà de leur cahier des charges, parfois au prix de leur santé. La probabilité qu’elles ne retrouvent pas d’emploi au sein de l’administration cantonale est importante selon nous. Des informations de source sûre semblent attester que la réforme visait avant tout à se débarrasser des quatre cheffes de secteur. Pour quelle raison, nous ne le savons pas. Mais le SSP s’interroge sur le mode de gouvernance du Service des formations postobligatoires et de l’orientation (SFPO) et de son chef.
Le Conseil d’Etat avait annoncé en automne de l’année passée qu’il supprimerait, dès 2017, une soixantaine de postes de travail dans l’administration cantonale. Que se passe-t-il concrètement? S’agit-il de licenciements «secs» ou cela passe-t-il par d’autres modalités, et si oui lesquelles?
Sur demande du SSP, le Conseil d’Etat a fait en septembre un bilan de la situation. Sur les 60 postes à plein temps devant être supprimés d’ici fin 2017, 64,3 % de l’objectif étaient alors atteints. Les diminutions d’effectif concernaient tous les départements. 28 % des suppressions de postes correspondaient à des postes vacants supprimés, 20 % à des réductions volontaires, 10 % à des démissions, 20 % à des retraites ou des décès et 9 % à des suppressions avec replacements. Restaient 10 % des cas correspondant à des suppressions en cours de suivi (9 personnes) et 3 % à des suppressions sans solution (3 personnes). Ainsi, 12 personnes au maximum pourraient se retrouver sans solution, soit plus de 10 % du total. Le chef des ressources humaines nous a assuré que le processus se passait de manière «humaine», mais nous savons par certains de nos membres que les pressions dans les services sont extrêmement fortes et que le personnel a peur.
Par ailleurs, nous avons le sentiment que dans certains services, alors que le quota de suppression de postes a été réalisé, les départs volontaires ne sont pas remplacés. Nous n’avons pas obtenu de réponse claire sur la question.
Lors de la présentation du budget 2018, le conseiller d’Etat Laurent Kurth se voulait rassurant: «Il n’y a pas de plan supplémentaire de suppression de postes de travail» (L’Impartial, 29.9.2017). Quelles conséquences pour le personnel auront les mesures d’économie annoncée par ailleurs (notamment dans le domaine hospitalier, les soins à domicile et la formation)?
Si le chef des finances s’est montré rassurant concernant les postes de travail, il a aussi annoncé «44 millions de francs de nouvelles restrictions» impliquant «des abandons ou des redimensionnements de prestations». Si des prestations sont supprimées, cela aura automatiquement des répercussions sur l’emploi. Les syndicats de la fonction publique ont écrit au Conseil d’Etat pour demander à être consultés si de nouvelles mesures d’économies touchant la fonction publique étaient décidées. Nous attendons une réponse. Mais la situation des finances cantonales ne nous laisse aucune illusion quant aux décisions, forcément douloureuses, qui seront prises.
PLR–UDC–PVL–PDC veulent deux conventions collectives distinctes, une pour le personnel soignant, une autre pour le reste du personnel (administratif, cuisine, technique, entretien…) Ils veulent des salaires au rabais et des conditions de travail dégradées ; pour cela ils divisent les salarié·e·s en catégories. Nous voulons le maintien de la CCT unique, qui couvre tout le personnel, parce que nous voulons des soins de qualité dans un environnement qui respecte les personnes, patient·e·s comme employé·e·s.
Le 26 novembre prochain, solidaritéS invite les citoyen·ne·s neuchâtelois·e·s à défendre les conditions de travail du personnel de la santé en votant 2 × non à la suppression de la CCT Santé 21.