Biodiversité en Suisse

Biodiversité en Suisse : L'effondrement se précise

L’Académie suisse des sciences naturelles publie régulièrement une revue, Hotspot, dont le dernier numéro fait le point sur l’extinction des espèces (nº 36/2017 – biodiversity.ch).

L’analyse que l’on y trouve est traditionnelle. C’est l’homme ou l’humain·e qui est à la source de l’effondrement de la biodiversité que l’on constate. Pas de remise en cause du capitalisme lui-même ; on en reste à la dénonciation de certains de ses effets, comme le passage à l’agriculture intensive, destructrice de nombreux biotopes.

Néanmoins, on y trouve aussi des indications concrètes et des réflexions intéressantes. Ainsi, la politique de conservation des espèces, basée sur la célèbre Liste rouge des espèces menacées, a des effets restreints. Elle a pu reposer sur des données erronées (des enquêtes sur le terrain ont permis par exemple de retrouver 38 des 61 espèces d’abeilles sauvages considérées comme disparues). Ou elle n’a pas eu l’impact souhaité parce que l’apparition de l’espèce dans la liste était trop tardive. Bref, l’instrument est loin d’être parfait et de nouveaux critères doivent être pris en compte.

Malgré ces manques, on peut observer une dégradation sérieuse de la biodiversité en Suisse, cela même après la réévaluation de la situation des espèces figurant dans cette liste. Ainsi, 219 des 1 880 espèces de la Liste ont disparu (59) ou sont au bord de l’extinction (160).

Cet état des lieux ne risque guère de s’améliorer. Car la tâche à venir est «des plus ardues», comme le notent deux collaborateurs de l’Office fédéral de l’environnement. Cela sur le seul plan légal et scientifique. Pour ne rien dire des résistances et des pratiques de l’économie capitaliste.

Daniel Süri