Etat de la planète

Etat de la planète : Second cri d'alarme des scientifiques

En 1992, lors du Sommet de la Terre de Rio, plus de 1 700 scientifiques tiraient la sonnette d’alarme: «Si nous voulons éviter de grandes misères humaines, il est indispensable d’opérer un changement profond dans notre gestion de la Terre et de la vie qu’elle recèle». Leur crainte était de voir l’humanité pousser les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie.

Aujourd’hui, ce sont plus de 15 000 scientifiques qui renouvellent cette mise en garde, constatant que depuis le Sommet de Rio, les choses n’ont fait que s’aggraver, à l’exception de la stabilisation de la couche d’ozone stratosphérique: «En échouant à limiter adéquatement la croissance de la population, à réévaluer le rôle d’une économie fondée sur la croissance, à réduire les émissions de GES [gaz à effet de serre], à encourager le recours aux énergies renouvelables, à protéger les habitats naturels, à restaurer les écosystèmes, à enrayer la pollution, à stopper la ‹ défaunation › et à limiter la propagation des espèces exotiques envahissantes, l’humanité omet de prendre les mesures urgentes indispensables pour préserver notre biosphère en danger».

On peut réfuter l’emploi du terme «humanité» pour (mal) dissimuler les responsabilités du capitalisme et de sa mondialisation. On peut contester la première place donnée à la croissance démographique, qui met sur le même plan le paysan bengali et le milliardaire texan du pétrole. On peut s’étonner de la modestie des revendications avancées. On ne peut toutefois en aucun cas nier le constat accablant qui est fait. A l’heure où la COP 23 repousse à 2018 la discussion sur les règles d’application de l’Accord de Paris (COP 21), le manifeste des 15 364 scientifiques de 184 pays a l’immense mérite de rappeler l’état d’urgence dans lequel se trouvent la planète et ses habitant·e·s.

Daniel Süri