Retraites et santé, NON au régime néolibéral
Retraites et santé, NON au régime néolibéral
La sécurité sociale est lun des enjeux majeurs dans la répartition des richesses entre les classes sociales. Principale productrice de richesses, la force de travail salariée est soumise ces dernières années à de nombreuses attaques de la part du patronat et des détenteurs de capitaux pour limiter la rémunération liée au travail, part qui a diminué dans le PIB. Alors que les gains de productivité permettraient un renforcement de la sécurité sociale, cette offensive cherche, au nom de la compétitivité, à réduire les coûts sociaux du travail et la couverture sociale en général. Le système des retraites est actuellement la cible principale, car il représente près de 50% en moyenne des dépenses de sécurité sociale. Au sommet de Barcelone du printemps 2002, tous les chefs dEtat de lUE se sont mis daccord pour faire reculer de cinq ans lâge de la retraite. Leffet global, cest un appauvrissement croissant des plus défavorisés, alors que les plus riches senrichissent relativement toujours plus.
En Suisse, le patronat et le Conseil fédéral veulent économiser 3,4 milliards, alors quun dixième de la population vit au dessous du seuil de pauvreté, plus particulièrement les femmes élevant seules des enfants, les familles nombreuses, les étrangers et les personnes divorcées (OFAS, août 2003).
La Fédération des entreprises suisses veut une «modération indispensable des dépenses sociales» (juin 2003): Pour la prévoyance vieillesse, il faut faciliter la prévoyance individuelle afin de renforcer lélément de capitalisation dans larchitecture des trois piliers au détriment de lAVS, éviter les incitations à prendre des retraites anticipées financées par lEtat, repousser lâge de la retraite, désamorcer la dynamique du renchérissement. Pour lAI, lindexation doit suivre ce qui est prévu pour lAVS, en restreignant le champ dapplication de la loi. Pour lassurance chômage, le délai de cotisation doit être prolongé, les prestations et le niveau de salaire soumis à cotisations plafonnés et la durée de perception des indemnités réduite. Laide sociale ciblée doit être liée à des incitations ciblées. Dans la santé, les mécanismes de marché doivent être renforcés.
En résumé, la sécurité sociale est réduite, avec un transfert de charge sur les ménages et les salarié-e-s, au nom de la «responsabilisation» individuelle.
NON à un système de prévoyance vieillesse discriminatoire
Depuis lintroduction de lAVS en 1947, la droite et les milieux patronaux se sont battus pour des rentes AVS au rabais, voulant favoriser lépargne forcée via les caisses dentreprises. Avec lappui du PSS, lintroduction du système à trois piliers a mis un frein au principe de la répartition, ouvrant la voie à la privatisation des retraites et à la capitalisation individuelle avec le 2ème pilier. La LPP a mis en place un système de retraites à plusieurs vitesses avec un régime minimum et un régime surobligatoire, en fixant un revenu plancher pour avoir droit au 2ème pilier: 25320 Frs en 2003!
Ce système a de fait exclu pendant près de 20 ans une femme sur deux et un homme sur quatre, qui natteignaient pas le revenu plancher.
Contre la 11ème révision AVS, une révision contre les femmes
Le système des retraites AVS et des rentes AI laisse en 2003 en Suisse la moitié des femmes et lensemble des bas revenus dans la pauvreté, avec une rente maximale AVS ou AI de 2150 Frs par mois. Près dun million de personnes âgées ont reçu une rente AVS de moins de 2110 Frs par mois. La Constitution suisse nest toujours pas respectée (art 112: «les rentes doivent couvrir les besoins vitaux de manière appropriée» et le Conseil fédéral veut réduire denviron 1,2 milliard la facture du compte AVS, par une économie sur les prestations et par des recettes supplémentaires accompagnées dun relèvement de la TVA de 1,5%. Un allègement budgétaire de la Confédération est prévu pour lAVS/AI avec une économie de 420 millions dici 2006. Les trois éléments majeurs de cette révision sont lélévation de lâge de la retraite des femmes à 65 ans (400 millions), la suppression de la rente de veuve pour les veuves sans enfants (un «potentiel» déconomies de 786 millions par an) et lindexation des rentes tous les 3 ans au lieu de 2 ans actuellement et sans tenir compte de lindice des salaires (150 millions). Les 400 millions pour les retraites anticipées sont contestés par la droite.
Contre laugmentation de lâge de la retraite
Pascal Couchepin et le parti radical veulent augmenter à 66 ans puis à 67 ans lâge de la retraite. Au contraire, la bataille pour labaissement de lâge de la retraite à 60 ans, comme encore actuellement en France, doit être poursuivie. Les retraites à la carte doivent être facilitées: les conditions de travail se sont modifiées et le plus souvent détériorées, amenant de fait de nombreux salarié-e-s à une cessation dactivité pour raison de santé plusieurs années avant lâge légal de la retraite. Ces mesures sinscrivent également dans la lutte contre le chômage et la répartition du temps de travail.
NON à des retraites otages de la bourse
La LPP définit les prestations minimales pour 1,5 million de salariés. Les autres sont au bénéfice de prestations plus élevées, prévoyance dite surobligatoire. Un réservoir de capitaux de 500 milliards sest ainsi constitué au service des milieux patronaux et financiers avec des taux de rendement entre 6 et 10%. Après deux ans de pertes suite à la chute des valeurs boursières, la droite prend des mesures draconiennes à lencontre de la majorité de la populatiobn, afin dassurer la pérennité des énormes avantages quelle tire dun système défaillant pour le plus grand nombre.
Dabord avec la baisse du taux de conversion de 7,2 à 6,65% et la baisse du taux minimal à 3,25%, les salarié-es les plus défavorisé-es perdent entre 20 et 25% du montant des rentes et la droite veut un taux à 2%! Les assureurs veulent augmenter les cotisations et réduire les prestations: taux minimal à 1,5%, baisse du taux de conversion. Le modèle Winterthur des grands assureurs privés veut abaisser les prestations surobligatoires avec un taux de conversion de 7,2% à 5,835% pour les hommes et 5,4% pour les femmes, soit une perte sèche de 20% en moyenne pour le hommes et de 24% pour les femmes dès le 1er janvier 2004.
Avec la flexibilisation du taux de rendement, et la priorité aux cotisations les salarié-e-s paient les pertes, et nont plus de garanties sur les prestations. De plus, la capitalisation ne garantit pas lindexation des rentes. Le système du 2ème pilier a montré son véritable visage: un bassin daccumulation aux mains des investisseurs, enfermant les salarié-es dans la logique capitaliste: privatisation des profits et socialisation des pertes.
Pour un système de prévoyance vieillesse social et solidaire
Le 2ème pilier repose principalement sur la capitalisation, système qui ne présente aucune garantie pour le versement des prestations futures, car trop dépendant des fluctuations économiques et des seuls intérêts des assureurs privés. La primauté des prestations doit être garantie et non pas la primauté des cotisations. La gestion privée coûte entre 4 et 5 fois plus que la gestion AVS. Seul, le système de répartition du type AVS garantit dans son principe le niveau de rente auquel les assuré-e-s ont droit, car la somme des cotisations pour chaque année doit couvrir la somme des prestations assurées, à savoir les rentes versées la même année. Ce système instaure une solidarité par le principe de cette répartition, véritable redistribution des richesses produites par toutes et tous. Fusionnons le 2ème pilier dans le système AVS, en sauvant les acquis. Ainsi, lAVS assurant des retraites dignes de ce nom pourrait enfin voir le jour.
OUI à la généralisation du système AVS fondé sur la répartition et la redistribution des cotisations des actifs-ves en faveur des retraité-e-s!
OUI à une revalorisation massive des rentes minimales qui doivent permettre de vivre dignement
OUI à lintégration du 2ème pilier à lAVS avec préservation des acquis des assuré-e-s LPP!
OUI à labaissement de lâge de la retraite pour travailler toutes et tous
Contre un système de soins soumis aux lois du marché
Avec lobjectif prioritaire de la maîtrise des coûts, la droite na cessé de crier à l«explosion des coûts» qui na jamais existé, alors quen fait la hausse régulière des coûts a été reportée pendant trente ans sur les ménages tandis que la part des pouvoirs publics na cessé de diminuer depuis 1971! La LAMal a mis en concurrence les caisses-maladie et les fournisseurs de soins, mais na pas empêché des hausses continuelles des primes. La 2ème révision de cette loi veut introduire de nouveaux mécanismes de marché avec la suppression de lobligation de contracter et le financement moniste des hôpitaux. Ces mesures laisseraient lavenir du système de soins aux mains des assureurs privés!
Nous devons refuser cette logique qui conduit au dé-sastre que connaît le système sanitaire américain. Malgré léchec de linitiative «la santé à un prix abordable» un financement en fonction des revenus doit être à nouveau défendu. Les familles doivent être déchargées des primes pour enfants. Les indemnités journalières devraient tendre à couvrir 100% du salaire. Tous les salariés, indépendamment de leur temps de travail, doivent être couverts.
La priorité doit être accordée aux mesures démancipation sociale, à savoir la lutte contre la pauvreté et lexclusion, pour léducation, pour lamélioration de la qualité de lalimentation, de leau, de lair, contre toutes les pollutions environnementales et pour lamélioration des conditions de travail. Il faut développer de façon significative la médecine et la sécurité au travail. Les coûts sanitaires induits doivent être reportés sur les employeurs responsables. La situation avec lamiante est exemplaire: lindemnisation des patients victimes de lamiante doit être assurée par les entreprises responsables concernées.
La politique sanitaire doit être clairement subordonnée à la satisfaction prioritaire des besoins de la population. dans le cadre dune solidarité internationale.
Le secteur public doit garantir laccès aux soins pour toutes et tous. Les prestations doivent être maintenues et développées. La planification sanitaire nationale doit voir le jour avec la clause du besoin (équipements lourds et de pointe) et la carte de santé. La suppression de lobligation de contracter doit être combattue. Le financement moniste des hôpitaux confié aux assureurs doit être combattu. Toute forme de privatisation doit être refusée, ainsi que tout rationnement des soins. La recherche publique doit être développée. La production des médicaments devrait à terme passer sous contrôle public et non pas servir à enrichir des multinationales avec la «privatisation brevetée du vivant».
Pour la caisse-maladie unique et sociale
Nous avons participé au lancement de linitiative fédérale «pour une caisse-maladie unique et sociale» avec des primes proportionnelles aux revenus. En effet, cette proposition répond à léchec de la mise en concurrence actuelle entre les caisses-maladie. La caisse unique supprime les pratiques de dumping et la course aux «bons risques». Elle favorise la transparence dans la gestion, un contrôle de la thésaurisation, doit interdire les pratiques financières à risque, assure une cohérence du dispositif sur le plan national, procure des données statistiques fiables, assure une simplification et une unité juridique, limite les coûts administratifs et les procédures, et facilite la mise en place dune planification sanitaire.
Une résistance globale est indispensable
Les récentes mobilisations contre les modifications du régime des retraites en France, en Allemagne, en Italie, en Autriche et même en Suisse, donnent la mesure des capacités de résistance face aux attaques de la sécurité sociale en Europe. Nous devons dégager les grandes lignes de cette résistance dans notre pays, en lien avec les luttes de nos voisins:
- Pour des salaires décents et pour le salaire minimum à 4000 Frs.
- Diminution du temps de travail pour une nouvelle répartition des tâches
- Pour un revenu minimum
- Pour une sécurité sociale financée par limpôt sur le revenu et la fortune
- Contre la baisse des prestations AI
- Contre une assurance chômage au rabais
- Pour une assurance maternité, des allocations familiales et une aide à la petite enfance dignes de ce nom
Gilles GODINAT