Répression par l'armée et ventes d'armes

Répression par l´armée et ventes d´armes

Dans la deuxième moitié des années nonante, le maître mot c’était la «coopération». Des parties du monde (en Bosnie, au Rwanda, …) étaient victimes de fous sanguinaires et l’armée pouvait trouver une nouvelle légitimation en contribuant à «stabiliser» des conflits, surtout pour empêcher que leurs effets ne «débordent» chez nous sous forme de «vagues» de réfugié-e-s.

L’ouverture militaire

En 1996, la Suisse adhère au «Partenariat pour le Paix» de l’OTAN et deux ans plus tard le rapport de la commission Brunner sanctionne l’abandon de la neutralité armée en y substituant le concept de «coopération» militaire. Le rapport de politique de sécurité «La sécurité par la coopération» de l’an 2000 pose les fondements d’armée XXI et se positionne clairement pour la «gestion des conflits» de la part d’Etats souverains ou coalitions d’Etats aux intérêts communs. Des politiciens influents comme le radical Steinegger parlaient de l’adhésion à l’OTAN «à l’horizon 2007». Un contingent de militaires suisses fut envoyé au Kosovo pour contribuer à sa «stabilisation». En ne les dotant que d’une cinquantaine de fusils d’assaut et en laissant aux soldats autrichiens le soin d’assurer leur sécurité, on créait des arguments convaincants pour faire passer la question cruciale des engagements armés à l’étranger de l’armée, soumise au vote populaire en juin 2001.

Le revirement

L’acceptation de justesse (51%) des engagements à l’étranger, mais surtout le scepticisme, voire l’opposition de l’opinion publique face aux guerres déclenchées par les USA suite aux attentats du 11 septembre, ainsi qu’une certaine perte de crédibilté de l’OTAN suite aux divisions internes quant à l’opportunité de la guerre contre l’Irak, ont éloigné la perspective d’une intégration pure et simple dans le système militaire occidental et produit un revirement de la doctrine militaire suisse.


La «menace terroriste», combinée aux protestations sociales et politiques, ont permis des déploiements militaires sans précédents lors des sommets du Forum économique de Davos et du G8 d’Evian. Selon le nouveau chef de l’armée Christophe Keckeis, l’engagement militaire pour protéger le sommet du G8 montrait «combien la frontière entre sécurité intérieure et sécurité extérieure est devenue fluide» (interview à la Sonntagszeitung du 11 mai 2003). Cela permet aux militaires aujourd’hui de réclamer une panoplie de nouveaux systèmes d’armes high-tech pour offrir une «sécurité crédible» sur ces deux niveaux.


Pour avoir accès à ces instruments et pour en tirer des bénéfices aussi pour l’industrie d’armement suisse, la coopération avec les systèmes militaro-industriels les plus performants reste indispensable. Peu importe s’il s’agit de ventes d’armes ou de la coopération militaire avec des pays belligérants hors toute légalité internationale comme les Etats-Unis et Israël. La neutralité suisse s’adapte à toute sorte de situations. La vente d’armements aux USA a continué, même après l’agression de l’Irak (non cautionnée par l’ONU) sous le prétexte ridicule, que de toute façon, les armes vendues ne seraient utilisables qu’après la fin de la guerre. La coopération militaire entre les industries d’armement étatiques suisses et israéliennes, tout comme les achats d’armes israéliennes, se poursuivent malgré la violation systématique par Israël du droit international humanitaire auquel la Suisse déclare tenir tellement et malgré les destructions d’infrastructures dans les territoires occupés, co-financées par l’aide au développement suisse.


Cette politique de sécurité ne répond aucunement ni au besoin de sécurité (sociale, environnementale, économique, humaine) de la population ni à la nécessité d’une véritable politique de paix face aux causes réelles de l’insécurité en Suisse et dans le monde. Pour être plus sûr et viable, le monde n’a certainement pas besoin de moyens militaires supplémentaires de la part de la Suisse!


Tobia SCHNEBLI