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Cinéma : Star Wars, les derniers Jedis - Espoirs déçus et empire du fric

Espoirs déçus et empire du fric

Le deuxième épisode de cette nouvelle trilogie Star Wars offre quelques nouveautés et sort à nouveau l’artillerie lourde. Mais le divertissement et les batailles épiques laissent un mauvais arrière-goût de production à la chaine.


Star Wars, Les derniers Jedi

Après le rachat par la Walt Disney Company des droits de la série, les nouveaux films Star Wars promettaient d’en actualiser le propos et la forme. Ce fut déjà le cas dans l’épisode précédent, le Réveil de la Force sorti en 2015, avec des personnages centraux féminins, racisés et issus des couches précaires (simple soldat et ramasseuse dans une décharge). Une ouverture qui néanmoins recopiait un même scénario de destruction d’armes ennemies et de conflits familiaux.

La lecture de classe est encore présente dans le nouvel épisode mais dans des traits encore plus caricaturaux (les méchant·e·s bourgeois·es sont des vendeur·euse·s d’armes qui s’encanaillent au casino) qui débouchent sur un moralisme naïf sorti tout droit d’un livre de philosophie new age : libérer les animaux, aimer son/sa prochain·e, se montrer clément·e envers le/la rebel·le car il/elle apprendra de ses erreurs et reconnaitra la grandeur de ses supérieur·e·s.

Force de séduction

Pourtant, il est difficile de ne pas être séduit·e, du moins par moments, par les Derniers Jedis. Certaines scènes d’action sont jouissives, les doses d’humour sont agréablement distillées et le scénario introduit des nouveautés intéressantes pour celles et ceux qui ont suivi les épisodes précédents. La distinction entre bien et mal est parfois plus floue et des questions se posent: les Jedi ne seraient-ils/elles pas des fascistes comme les autres? Une alliance au-delà du bien et du mal est-elle possible? Malheureusement, c’est le retour au même qui viendra clore ces débats et remettre gentil·le·s et méchant·e·s chacun·e de leur côté. Mais comment s’en étonner tant il est clair que la Walt Disney Company ne cherche pas à bousculer, à créer du mythe ou du rêve mais avant tout à distribuer du divertissement rentable à la pelle? Ce qui implique une multiplication des films (la trilogie donc mais également des films annexes) proportionnelle à la baisse de qualité d’écriture du scénario. A voir chaque année autour de Noël avec en bonus un personnage inutile mais assez chou pour être vendu sous forme de peluche.

Pierre Raboud