CPEV

CPEV : Echos d'une grève et de la mobilisation

A l’heure qu’il est, un plan a été déposé par le Conseil d’administration (CA) de la Caisse de Pension de l’Etat de Vaud (CPEV). Prévu pour le 1er janvier 2019, il reviendrait à faire travailler les salarié·e·s deux années de plus. Retour sur la mobilisation dans la fonction publique vaudoise.


Jorge Lemos

Avec environ 5000 salarié·e·s réunis à l’appel des trois syndicats négociant avec le Conseil d’Etat (SSP, SUD, FSF), la manifestation de la fonction publique vaudoise du 25 janvier est un succès. Reste à le confirmer par une extension des mesures de lutte propres à construire un rapport de force.

La couverture médiatique de l’événement a bénéficié de la mobilisation exceptionnelle au sein des gymnases vaudois, tous touchés par des mouvements de grève très suivis. A titre d’exemple, au gymnase de Burier, le nombre de grévistes (114) a presque doublé par rapport au mouvement de 2008 (DECFO-SYSREM). La grève n’a pas concerné que les enseignant·e·s, mais aussi des membres des différents services. Et bien que l’autorisation légale de faire grève n’ait été délivrée que la veille à midi, plusieurs établissements scolaires du secondaire1 se sont également mis en grève. L’un des enjeux majeurs de la lutte consiste maintenant à étendre le mouvement à d’autres secteurs.

Quelques réflexions sur le succès d’une grève

Concernant le gymnase de Burier, plusieurs facteurs peuvent expliquer le succès de la mobilisation.

Premièrement, le cadre gymnasial est marqué par le fait qu’un grand nombre de salarié·e·s sont géographiquement concentrés, avec des espaces communs pour diffuser les informations.

Deuxièmement, les syndicats combatifs (SUD & SSP) sont bien représentés, et cohabitent en harmonie sur le lieu de travail.

Troisièmement, la majorité des personnes actives dans la lutte se sont «formées» au Groupe Regards Critiques, lors des luttes des années 90 et 2000 à l’UNIL, et/ou ont été membres ou sympathisants de solidaritéS ou de la Gauche Anticapitaliste par le passé.

Quatrièmement, la variété des intervenant·e·s a permis d’assurer que personne ne monopolise la parole.

Cinquièmement, un travail d’information et de mobilisation a été fourni auprès de tous les services (nettoyage, bibliothèque, secrétariat…). Mobiliser au-delà des enseignant·e·s constitue un enjeu capital!

Sixièmement, le respect entre collègues, grévistes ou non, était au centre de la démarche, pour que chacun•e se sente libre et respecté.

Enfin, par rapport au secondaire1, les questions relatives à la position à adopter vis-à-vis des élèves, et concernant la grève, se posent avec moins d’acuité.

Ont par ailleurs été mis sur pied des ateliers sur différents thèmes comme la grève de 1918, le deuxième pilier et la CPEV, ou encore les problèmes se posant sur notre lieu de travail.

Dans l’ordre du discours, il fallait être clairs sur un point: la conjoncture politique et la nature des lois votées par la droite au parlement fédéral (obligation de révision des plans de caisse LPP tous les 5 ans) et au parlement vaudois (interdiction faite à l’Etat de refinancer la CPEV avant une augmentation de l’âge de la retraite) rendent cette lutte très dure. A moins d’une mobilisation massive de toute la fonction publique, les pertes pour les salarié·e·s seront abyssales.

Marc Bertholet


Retour sur l’assemblée générale du personnel de l’État de Vaud

A la fin de la manifestation, après la journée de grève, les syndicats ont convoqué une assemblée générale du personnel de l’Etat de Vaud, dans une salle mise à disposition par les camarades en lutte de l’Ecole professionnelle de Lausanne.

Plus de 100 personnes ont assisté à cette assemblée. La plupart des participant•e•s représentaient des comités de grève ou de lutte des différents établissements et secteurs de l’Etat. Il y avait notamment des délégué·e·s du comité de grève du Gymnase de la Cité, ou encore du CHUV, qui représentaient des centaines de salarié·e·s.

L’assemblée a été très agitée, vu la détermination des salarié·e·s à se battre pour mettre en échec les attaques contre leurs conditions de retraite. Toutes et tous ont insisté sur la nécessité de se battre collectivement.

Les syndicats de lutte SUD et SSP ont présenté une résolution similaire: préavis de grève et de mobilisation en cas d’échec des négociations entre les syndicats et le Conseil d’Etat, avec une nouvelle assemblée pour la confirmer. Une seule divergence: SUD souhaitait une semaine supplémentaire pour avoir le temps de mobiliser. C’est finalement la résolution du SSP qui a été adoptée par une courte majorité, démontrant encore la détermination des salarié•e•s. «Pas une minute à perdre!», pourrait-on résumer. La FSF a quant à elle indiqué qu’elle attendrait le résultat des négociations du 31 janvier pour consulter ses instances et se déterminer sur son éventuel soutien à un nouveau mouvement de grève et de manifestation.

Ainsi, l’assemblée a voté un préavis de grève pour le 6 février, à confirmer en assemblée générale après les négociations entre les syndicats et le Conseil d’Etat le 31 janvier. En clair, si les négociations n’aboutissent pas au retrait du plan, les salarié·e·s de l’Etat de Vaud feront grève à nouveau, jusqu’à son retrait.

La lutte continue, on lâche rien!

Ilir Ahmeti