L'écoféminisme

Convergence entre l’oppression de la nature et celle des femmes

Il existe différents courants d’écoféminisme, ayant tous en commun le constat que l’oppression de la nature et celle des femmes résultent des mêmes mécanismes, et que les luttes écologiques et féministes doivent être liées. De même, ni l’oppression des femmes, ni celle de la nature ne peuvent être analysées sans tenir compte de la construction sociale de la dualité entre homme et nature qui s’est propagée avec la révolution scientifique et l’industrialisation capitaliste.

Graffiti
Nicolas Santiago Romero

Les notions de nature et de féminité ont traditionnellement été liées: Mère Nature, Pachamama, Gaia, Demeter. Dans cette vision, la nature entretenait l’équilibre planétaire et toute vie sur terre. Elle englobait aussi les humains, qui étaient donc encadrés dans et soumis à ses cycles de reproduction. En même temps, cette nature était incontrôlable et sauvage. Cette vision spirituelle et organique de la nature était cependant peu compatible avec la société technocentrique et industrialisée qui s’est développée avec l’avancée du capitalisme. Elle a donc cédé la place à la vision d’une nature régie par des lois déterministes.

La nature est alors devenue une ressource pour la production industrialisée au service de l’humanité. Les avancées technologiques et scientifiques ont permis de maîtriser et contrôler le côté sauvage de la nature. Les femmes, cependant, se sont toujours trouvées en partie associées à cette nature, qu’il s’agissait de dominer. Parallèlement, la domination de la nature par la science et la technologie a résulté en l’aliénation des sociétés industrialisées et leur encadrement dans les processus reproductifs de l’écosystème. La glorification du progrès et de la croissance a entraîné la dévalorisation des tâches d’entretien effectuées dans la société, telles que l’éducation des enfants, les soins, le ménage.

Les constructions sociales de la nature et de la féminité étant ainsi liées, l’oppression de la nature et celle des femmes le sont aussi. L’attribution aux femmes des tâches métaindustrielles [terme utilisé par Ariel Salleh pour désigner tout travail situé en dehors du système productif] comme le ménage doit être vue dans ce contexte. De même, le mépris envers les dynamiques d’écosystème et la dévalorisation des tâches métaindustrielles vont ensemble. Et cette construction sociale de la dualité entre homme et nature est étroitement liée à l’organisation de la société capitaliste. La lutte pour une société durable et équitable se doit donc d’être écosocialiste et écoféministe.

Franziska Meinherz