Les bourses d'études, facteur d'inégalités sociales

A la rentrée scolaire 2016, l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi sur l’aide aux études et à la formation professionnelle (LAEF) a fait parler d’elle et a suscité une mobilisation de la part des étudiant•e•s. Ce changement, doublé du sous-effectif de l’Office vaudois des bourses d’études (OCBE), avait engendré des retards considérables dans l’octroi des bourses. Cette situation avait laissé de nombreuses et nombreux étudiant•e•s sans ressources financières durant plusieurs mois.

Outre ce retard, ce changement a entrainé un autre effet pervers. Une des modifications majeures de la nouvelle loi est l’impossibilité de travailler à côté de son cursus scolaire. Tout gain accessoire sera désormais déduit du montant de la bourse, ce qui n’était pas le cas avant. Il existait auparavant une franchise de 7 680.- pour les indépendant·e·s et de 6 360.- pour les étudiant·e·s dépendant de leurs parents. Désormais, les boursiers et boursières, tous statuts confondus, ont la possibilité de gagner seulement 1 500.- par an avec leur emploi.

A titre personnel, en tant qu’étudiante ayant fait le choix de maintenir une activité accessoire malgré un droit à la bourse, je me sens dans une impasse. Dois-je continuer à faire valoir mon droit à une bourse ou l’abandonner afin d’avoir une plus grande marge de manœuvre? Actuellement, ayant des jobs d’appoint à l’heure et sur appel, si mon revenu change au fil des mois, je dois transmettre à l’OCBE ma fiche de salaire. Quand on me propose une journée de travail, je dois donc calculer s’il est plus avantageux de travailler, ce qui impliquera peut-être un nouveau calcul du montant de la bourse, ou ne pas travailler afin de garder l’argent déjà reçu. Cette situation paradoxale implique une charge mentale considérable lorsque l’on a plusieurs jobs d’étudiant·e ou si notre situation familiale change constamment.

Le travail salarié des étudiant·e·s n’est actuellement pas soutenu par l’OCBE car il est déduit de la bourse, alors que, pour les moins de 25 ans, cette aide est compensatoire de la situation de leurs parents. De plus, chaque situation est singulière, ce qui devrait justifier une plus grande souplesse du cadre et un plus grand nombre d’employé·e·s pour la gestion des dossiers.

Afin de lutter contre les inégalités sociales au sein des milieux étudiants et rendre plus accessible les études aux personnes issues des classes populaires, il est nécessaire de repenser cette loi et d’agir. Les bourses d’études, à l’heure actuelle, perpétuent les inégalités de classe durant les études, malgré les discours de l’Etat sur une éducation censée être accessible à toutes et tous.

Les bourses d’études sont un droit! Ne lâchons rien.

Sylvie Métraux