Féminin-Masculin

Féminin-Masculin : Contre l'oppression et les discriminations - 8 Mars en Suisse

8 Mars en Suisse

Nous présentons ci-dessous quelques échos des manifestations qui se sont déroulées en Suisse. Nous ne saurions évidemment être exhaustifs. D’autres rassemblements ont eu lieu à Neuchâtel, Bienne, Bâle, Zurich, Saint-Gall, etc. Pour l’égalité salariale, contre les violences faites aux femmes et le harcèlement sexuel, pour la reconnaissance et la revalorisation du travail de care et pour les droits des immigrées et des réfugiées. [réd]

Solidaires avec les femmes exilées

De noir vêtues, munies de sacs couleur fuchsia pour porter leurs pétitions, 200 déléguées venues des quatre coins de la Suisse se sont rendues le 8 mars en cortège à la Chancellerie fédérale. Par des prises de parole très engagées et un chant adressé à Mme Sommaruga, elles ont protesté contre la politique d’expulsion de la Suisse.

Soutenu par 50 organisations ou associations et muni de 8371 signatures de personnalités et de personnes issues des professions et milieux les plus divers – artistiques, sociales, académiques, politiques, juridiques, paysans – l’Appel d’elles demande aux autorités fédérales de mieux protéger les femmes requérant l’asile en Suisse à la suite d’agressions sexuelles et de viols subis dans leur pays d’origine ou sur la route de l’exil.

Deux femmes directement concernées ont témoigné des viols et violences subies qui les ont amenées à fuir leur pays, l’une la Syrie, l’autre l’Ethiopie. «C’était difficile de partir de mon pays, de quitter mon travail, ma famille… c’est difficile, mais pour moi, c’est ça ou la mort», a déclaré une des témoins.

Les représentantes des organisations qui ont lancé l’Appel d’elles le 8 mars 2017 – le Collectif R/Droit de Rester, Viol Secours et la Marche mondiale des femmes – ont expliqué pourquoi il est intolérable que la Suisse expulse des personnes ayant vécu de telles violences. Deux parlementaires fédérales, Isabel Arslan (Parti des verts/Basta) et Ada Mara (PS), présentes à la conférence de presse qui a précédé le dépôt, ont apporté leur soutien. Une entrevue avec Mme Sommaruga est sollicitée par le Collectif Appel d’elles. Pour le moment, la conseillère fédérale a répondu manquer de temps. Un refus inadmissible. A suivre. ME


8 mars 2018 — 14 juin 2019 Un féminisme qui revendique!

Pour le 8 mars, la Tribune de Genève a présenté un test en ligne: «Quel(le) féministe êtes-vous?» Durant cinq jours, 13 443 personnes ont répondu à cette question. Et le 14 mars, le quotidien présentait les résultats: «Les féminismes doux séduisent les internautes». Le féminisme différentialiste charme la majorité…

Heureusement, les femmes qui ont organisé les manifestations du 8 mars à Berne et Genève ne sont pas consensuelles.

A Berne, après le dépôt des 9000 signatures pour l’Appel d’elles, je suis allée entendre les syndicalistes crier leur colère contre les parlementaires qui rechignent une fois de plus à appliquer la loi sur l’égalité. Cette petite manifestation avait beaucoup de peps, et nous dynamisait en vue du combat pour organiser une grève nationale le 14 juin 2019, rappelant que «Wenn Frau will, steht alles still», «Femmes bras croisés, le pays perd pied».

A Genève, des groupes de jeunes féministes ont organisé une marche nocturne, pour prendre la rue à plein, dans un espace construit pour et par des hommes, pour lutter contre le sexisme de la société, pour montrer la visibilité des différentes revendications.

Cette manifestation était annoncée «en mixité choisie sans hommes CIS (dont le genre assigné à la naissance correspond au genre auquel il s’identifie)». Une manif sans hommes féministes, cela a été mal perçu par beaucoup de femmes qui s’étaient réjouies de l’élargissement de leurs luttes. Mais lorsque la joyeuse manifestation, avec plein de musiques et de déguisements, s’est mise en marche, nous avons ressenti la jouissance de marcher entre femmes dans la rue, dans la nuit. Entre femmes… non, il fait plutôt dire entre personnes oppressées par le sexisme: femmes CIS, trans, non-binaires et intersexes. Il s’agit maintenant de déconstruire la binarité du genre, afin que chacun·e puisse se définir selon son ressenti.

Au dos du tract, une bonne explication d’hommes CIS qui s’adressent à des hommes CIS:

«Ca te fait chier de louper cette manif? – T’inquiète, y en aura d’autres où tu seras le bienvenu. La mixité choisie de cet événement est temporaire et tu pourras retrouver tes ami·e·s qui y participent bientôt. Rappel: la non-mixité politique féministe n’a jamais tué personne. Par contre, l’oppression sexiste, les violences sexuelles et de genre, ce contre quoi les féministes luttent, oui.»

Bien des anciennes MLF ont suivi cette manif, heureuses de retrouver cet esprit de subversion radicale. A la fin, une jeune femme m’a mis sa pancarte autour du cou: des couleurs, des étoiles, un dessin de petite fille et le slogan «Sois forte».

Pour défendre notre féminisme intersectionnel rassembleur et imposer notre grève, nous devrons être fortes!

Maryelle Budry


A Lausanne, le comité du 8 mars, composé de différentes forces politiques et syndicales, s’est réuni tardivement afin de lister et d’organiser des événements à l’occasion de la journée internationale de luttes pour les droits des femmes 2018.

En fin d’après-midi, le comité du 8 mars tenait un stand et distribuait l’édition spéciale du 8 minutes consacré cette année à l’égalité salariale et aux situations de harcèlement sexuel. Sans surprise, plusieurs institutions ont proposé la projection du blockbuster suisse sorti l’année dernière, L’Ordre divin. Délaissant la projection prévue l’après-midi à l’Université de Lausanne, la plupart des militant·e·s de solidaritéS ont préféré se retrouver en soirée au cinéma City-Club à Pully, plein à craquer, et participer à la discussion animée par nos deux camarades, Marie-Claude Hofner et Marie Jolliet.