Loi sur l'égalité

Loi sur l'égalité : On ne change pas ce qui ne fonctionne pas

Le Conseil des Etats, après avoir voté l’entrée en matière sur le nouveau projet de Loi sur l’égalité, l’a néanmoins renvoyé en commission. L’obligation, pourtant bien timide, faite à certaines entreprises de pratiquer la transparence salariale, lui est restée en travers de la gorge. Retour en commission donc pour réexaminer toutes les vertus de l’autodéclaration des entreprises.

C’est à dire de tout ce qui n’a pas marché jusqu’à maintenant, comme le montre de manière aveuglante l’échec du prétendu «Dialogue sur l’égalité des salaires» enclenché en 2009.

Ce rôle du parlement, qui foule aux pieds la Leg et le travail des femmes, aurait dû être mis en évidence dans l’article paru dans notre précédent numéro. Un malencontreux couper-coller, mal maîtrisé, l’aura fait disparaître de la version publiée.

Il faut donc enfoncer le clou: il n’y aura pas de progrès sérieux en matière d’égalité salariale sans mobilisation sociale importante. Rappelons que la LEg elle-même n’aurait pas vu le jour sans la grève des femmes du 14 juin 1991 et prenons exemple sur les mobilisations féministes espagnole, italienne, argentine de ce 8 mars pour organiser une nouvelle grève nationale le 14 juin 2019.

Pour ceux et celles qui hésiteraient encore à se mobiliser, voici un petit florilège des déclarations de ces messieurs les conseillers d’Etat:

Thomas Hefti, PLR, Glaris se déclare très remué par le fait que l’on demande aux entreprises de démontrer qu’elles respectent la loi. C’est un vote de méfiance à l’égard de l’économie. «Mais que fait-on du principe fondamental de l’action entre privés, à savoir que la bonne foi est présumée»?

Hannes German, UDC, Schaff­house lui aussi ressent «une méfiance à l’égard de l’économie». Du reste, les salaires sont inégaux aussi entre les branches, entre les âges, entre la banque A et la banque B, cela fait partie de la liberté d’entreprise, clef du succès de notre pays.

Olivier Français, PLR, Vaud après avoir énuméré toutes les bonnes raisons qui justifient l’égalité salariale, renvoie aussi le projet en commission, parce que c’est une «usine à gaz» bureaucratique. Son collègue PLR de Neuchâtel, Raphaël Comte est, lui, pour le projet, qui est aussi un moyen d’obtenir la hausse de l’âge de la retraite des femmes.

Décidément, rien à espérer de ce côté-là. DS