Semaine d'action pour une éducation libre et égalitaire

Interview d’une militante du collectif Stop La Hausse


Bonne ambiance lors du souper-projection qui a lancé la semaine d’actions

Présente-nous la semaine d’actions à Fribourg: à quoi s’attendre?

Tout a commencé quand on s’est rendu compte qu’on n’était pas les seul·e·s, à Fribourg, à réagir aux mesures d’austérité qui touchent, en Suisse, le secteur public, en particulier l’éducation. On s’est dit qu’on devait se mettre ensemble afin de sensibiliser la population à la question de privatisation des services publics. La première séance nationale a eu lieu en novembre 2017 à Berne dans le cadre de la Lange Nacht der Kritik [La longue nuit de la critique, réd.]. Plusieurs groupes de Fribourg, Genève, Lausanne, Bâle se sont réunis pour former une alliance au niveau suisse, appelée Action-Education. On a donc réussi à fédérer d’autres mouvements d’étudiant·e·s avec la volonté d’organiser une manifestation nationale à Berne. L’idée de la semaine d’action est partie de là et il y en aura une dans chaque région dans la semaine du 19 au 24 mars.

A Fribourg, cette semaine d’action est particulièrement vivante, car le thème est très actuel et touche beaucoup d’étudiant·e·s. Il y a des événements chaque jour, du lundi au vendredi, pour ouvrir et élargir le débat sur l’éducation et pas se restreindre à la hausse des taxes. On abordera les questions de communication au niveau de l’Université, du rectorat et du Conseil d’Etat. Nous avons l’impression que c’est quelque chose de tabou à l’Université, notamment son organisation.

Lundi, a eu lieu la projection du film Education is not for sale [L’éducation n’est pas à vendre, réd.], précédée d’un souper afin d’ouvrir des espaces de discussion. Jeudi, une table ronde est organisée concernant la carrière universitaire et le travail scientifique académique sous la pression de l’économie. Le vendredi sera consacré à la préparation de banderoles et de slogans pour la manifestation du samedi 24 mars à Berne.

Où en est le collectif Stop La Hausse (SLH) avec ses revendications, maintenant que la hausse des taxes est maintenue?

Dès le début de SLH, on s’est rendu compte qu’il y avait différentes tâches à accomplir: lobbying politique (Grand Conseil, Conseil d’Etat, rectorat), actions et événements, communication (site, FB) et groupe sur le long terme. L’importance est donc d’élargir le débat, au-delà de la hausse des taxes universitaires, aux attentes qu’on a envers l’université et à la conception qu’on se fait de l’éducation. Ce mouvement national nous permet, en tant que groupement local, d’élargir la thématique et de travailler sur différents points et d’anticiper les mesures d’austérité et coupes budgétaires dont est victime l’éducation. SLH est complètement externe aux institutions, avec une volonté de garder le contrôle de nos actions et notre indépendance. Notre tâche principale est de sensibiliser les étudiant·e·s sur le rôle qu’ils·elles ont à jouer et de faire en sorte qu’iels donnent leur avis et développent un sens critique.

Pourquoi avoir invité Didier Castella (PLR) pour un débat? N’avez-vous pas peur de «faire sa campagne» juste avant le 2e tour des élections cantonales?

La question s’est posée au sein du collectif, mais nous sommes arrivé·e·s à la conclusion que ce seront principalement des étudiant·e·s, qui ne peuvent pas tou·te·s voter à Fribourg et qui ne représentent pas son «public cible» qui seront présents. L’autre risque, et c’est un compliment, c’est que c’est un très bon orateur et qu’il connaît très bien le sujet et la politique du canton.

Les questions seront orientées de manière à ce que ce débat réponde aux questions de SLH. Nous ne voulons pas que Castella nous présente son programme politique, car nous l’avons déjà assez entendu! Nous voulons aussi profiter du fait que le rectorat est représenté pendant le débat pour exiger des réponses claires quant à la manière de communiquer et de prendre des décisions (représentativité des étudiant·e·s, moyens de communication, etc.). Nous voulons aussi parler de la place et de la conception de l’éducation dans la société et se questionner sur l’avenir de notre université: comment l’imaginons-nous dans 20 ans?

Propos recueillis par Alberto Silva

Plus d’information:

stoplahaussefribourg.wordpress.com
action-education.ch