Exposition
Exposition : 1968 en Suisse au Musée d'histoire de Berne
Parmi les nombreuses activités autour de l’année 1968 – qui a ébranlé le monde de l’après-guerre – le Musée d’histoire de Berne organise du 16 novembre 2017 au 17 juin 2018 une exposition rappelant les faits marquants de cette époque.
Comme le rappelle la présentation de l’exposition, les événements de 1968 surviennent dans une société bloquée. Celle-ci est incarnée par «quatre figures quasi divines: le père, le curé, l’instituteur et l’officier» (Jakob Messerli, directeur du Musée d’histoire de Berne, Le Matin, 16.11.2017).
Le conformisme est de règle et les critiques sont considérées par essence comme «non-suisses» (unschweizerisch). Quatre ans auparavant, lors de l’exposition nationale de 1964 à Lausanne, les résultats d’un questionnaire (que les visiteurs·euses pouvaient remplir) avaient été mis sous le boisseau, car jugés non-conformistes (malgré un examen préalable des questions par des responsables de la Confédération, chargés de superviser Expo 64).
Quelques exemples de blocages de la société, indiqués dans la présentation du Musée d’histoire de Berne. «La Suisse des années 1960: le concubinage est interdit. Dans les restaurants, les hommes aux longs cheveux ne sont pas servis. Les femmes n’ont pas le droit de vote et ne sont pas éligibles. Les homosexuels sont fichés par la police». En Suisse aussi, le couvercle de la marmite a fini par sauter: «Quand la vague contestataire gagne le monde occidental, l’ambiance est déjà tendue dans la jeune génération. […] Aussi dans les villes de Suisse, on se rebelle contre les normes et les valeurs dominantes. Les manifestants exigent que soit mis un terme à la guerre du Vietnam. Ils revendiquent l’égalité entre hommes et femmes, un droit d’intervention, plus de solidarité» (présentation de l’exposition).
Parmi les événements recensés par 16 témoins de l’époque: «les protestations contre la guerre du Vietnam, les émeutes du Globus [ndr: bâtiment revendiqué comme centre autonome de jeunesse], les manifestations anti-franquistes et anti-militaristes à Genève. Mais aussi la ‘Junkere 37′ à Berne, la Kunsthalle emballée, le concert des Rolling Stone au Hallenstadion à Zurich [1967] et les communautés de marginaux loin des grandes villes».
Dans le cadre de l’exposition, on peut écouter des entretiens vidéo avec trois historien·ne·s: Damir Skenderovic (Université de Fribourg), Brigitte Studer (Université de Berne) et Jakob Tanner (Université de Zurich). Enfin, le Musée diffuse plusieurs publications (en allemand, voir encadré).
Hans-Peter Renk
À lire
Ruth Ammann [et al.] (Réd.), Bern 68: Lokalgeschichte eines globalen Aufbruchs – Ereignisse und Errinerungen. Baden, hier + jetzt, Verlag für Kultur und Geschichte, 2008
Erika Hebeisen, Elisabeth Joris, Angela Zimmermann (Hg.), Zürich 68: Kollektive Aufbrüche ins Unsgewisse. Baden, hier + jetzt, Verlag für Kultur und Geschichte, 2008
Christina Späti, Damir Skenderovic, Die 1968er–Jahre in der Schweiz: Aufbruch in Politik und Kultur. Baden, hier + jetzt, Verlag für Kultur und Geschichte, 2012
Kristina Schulz, Leena Schmitter, Sarah Kiani, Frauenbewegung: Die Schweiz seit 1968: Analyses, Dokumente, Archive. Baden, hier + jetzt, Verlag für Kultur und Geschichte, 2014