Université de Printemps 2018
Université de Printemps 2018 : Restons pessimistes dans l'analyse, mais redoublons d'optimisme dans la volonté
Pour la 9e année consécutive, solidaritéS a organisé sa traditionnelle Université de Printemps. A savoir, tout un panel de conférences et d’ateliers et de moments conviviaux répartis sur trois jours, avec plus de 130 participant·e·s.
Atelier sur les mouvements décoloniaux panafricains
Atelier sur la lutte contre les dégâts engendrés par la zoophagie
Plénière sur «Les défis de la gauche au niveau international» – Photos Jorge Lemos
Cet événement annuel qui rassemble chaque année des membres de nos quatre sections ainsi que des sympathisant·e·s permet de réfléchir et débattre collectivement de nos luttes anticapitalistes, antiracistes, féministes, LGBT*IQ et écosocialistes avec des intervenant·e·s d’ici et ailleurs. Une «retraite» collective à 1100 m d’altitude dans le Jura Vaudois, qui nous permet de prendre un peu de distance avec notre militantisme quotidien, mais également quelques bouffées d’oxygène (de luttes internationales) pour mieux repartir dans nos diverses luttes locales.
Vendredi soir, une première plénière nous a permis d’entrevoir le panorama des collectifs anticapitalistes en Suisse alémanique avec qui il est indispensable de tisser des liens pour construire des mobilisations nationales.
Après une (courte) nuit de sommeil, la journée de samedi a commencé avec deux ateliers, le premier analysant la privatisation de la santé en Suisse et ses conséquences sur les salarié·e·s ainsi que les personnes soignées, tandis que l’autre débattait de la lutte pour l’indépendance catalane et ses perspectives anticapitalistes avec des camarades du CUP et d’Anticapitalistas.
Histoire, écologie, féminisme et cajun
Samedi après-midi, une session de quatre ateliers était au programme.
Le premier aura permis de revisiter l’histoire des grèves et des actions syndicales en Suisse, à l’occasion notamment du centenaire de notre seule et unique grève générale, mais également de porter un regard sur les futures mobilisations avec les analyses d’Alessandro Pelizzari et Isabelle Smekens, syndicalistes à Unia.
L’atelier sur les cinquante ans de «Mai 68», en présence de Jaqueline Heinen et Jean Batou suite à la sortie récente de leurs précieux ouvrages, 1968… des années d’espoirs et Nos années années 68 dans le cerveau du monstre, aura permis de rappeler l’héritage de cette époque sur nos luttes actuelles. Les liens entre l’écologie et le marxisme ont également fait l’objet d’un atelier, notamment dans l’optique de faire des liens avec les luttes des pays du Sud.
Et, last but not least: l’atelier FéminismeS abordait les perspectives du phénomène #MeToo pour la construction d’un mouvement #WeTogether pour et par les femmes, en prenant notamment exemple sur les expériences de nos camarades italiennes et espagnoles.
La deuxième plénière s’est attelée à tenter d’analyser les dynamiques internationales en Italie, en Angleterre et aux Etats-Unis avec l’émergence de nouveaux mouvements sociaux et l’espoir qu’ils suscitent, mais également les difficultés qu’ils traversent pour être capables de renverser le système et toute la question de comment les soutenir en tant que militant·e·s anticapitalistes.
Samedi soir, nous avons eu le plaisir de bouger au rythme des Beauregard Boys avec leurs mélodies de cajun et bluegrass, issues de cultures rurales francophone et anglophone du sud des Etats-Unis, avant que l’habituelle discothèque autogérée nous fasse danser jusqu’au bout de la nuit.
Antiracisme, antispécisme et populisme
Dimanche matin, trois ateliers: le premier, sur l’actualité des mouvements décoloniaux et panafricains, a ouvert un débat nourri sur comment lutter contre racisme et l’islamophobie ancrés dans la société. Le deuxième, quant à lui, a étayé les défis pour arriver à une convergence des luttes à travers le mouvement queer et l’utilisation de la sexualité comme un outil de lutte. Enfin, et pour la première fois, nous avons pu confronter nos affinités et nos divergences avec des militant·e·s antispécistes pour lutter contre l’industrie de la viande.
Le week-end s’est conclu par une plénière sur les populismes de droite et l’extrême droite, plus spécifiquement dans l’Etat espagnol, en Italie et aux Etats-Unis.
Au final, et comme chaque année, notre Université de printemps a été un moment d’intenses réflexions, ponctuée de beaucoup d’incertitudes, d’interrogations et de défis à relever pour mener de front toutes nos luttes. Comme aimait dire Marx: «de omnibus dubitandum», il faut continuer à douter de tout, hormis de la nécessité de continuer à nous former et nous organiser collectivement pour lutter du côté des opprimé·e·s et des exploité·e·s. Alors, restons pessimistes dans l’analyse, mais redoublons d’optimisme dans la volonté, car nos luttes sont plus que jamais nécessaires.
Jorge Lemos