#ENOUGH18: en route vers l'égalité

En 2016, on pouvait lire sous la plume dépitée de féministes comme Mona Chollet que « le féminisme redevient tabou […], les féministes semblent devenues l’ultime objet du désamour. Regardées de travers. Vilipendées. Le terme lui-même s’est changé en étiquette vide » (Fémina, 7 mars 2016).

En cet été 2018, le constat ne tient plus. En à peine deux ans, un souffle nouveau s’est répandu aux quatre coins du globe. On ne compte plus celles qui, en harmonie ou en tempête, reprennent le tracé du chemin qui mène vers l’égalité et l’émancipation.

L’élection de Trump de janvier 2017 fut, sans aucun doute, un électrochoc. Sous la lumière des projecteurs sont réapparus, crûment, les pourritures persistantes du vieux monde, les actes et les paroles crasses qui cherchent à faire des femmes des êtres inférieurs à perpétuité. Depuis, des mobilisations féministes sans précédent ont éclaté de Buenos Aires à New Delhi, en passant par la Tunisie, les États-Unis et l’Espagne, où la grève générale du 8 mars dernier a été suivie massivement.

Au cœur des mobilisations, il y a le refus catégorique de l’inégalité entre hommes et femmes où qu’elle se manifeste: à la maison, dans la rue, au travail, à l’école, au cinéma, dans la presse, en politique, au moment de la retraite, etc.

En Suisse, l’égalité des sexes est inscrite dans la Constitution depuis 1981. Pourtant, le travail des femmes vaut toujours moins que celui des hommes. À compétences égales pour un plein temps, elles restent payées 20% de moins. Malgré cela, le Conseil des États vient de refuser un projet minimaliste de contrôle des salaires. À la retraite, les femmes touchent des rentes de 37% inférieures à celles des hommes. Et le futur projet AVS 21 prévoit d’augmenter l’âge de leur départ à la retraite, mesure pourtant refusée par le peuple il y a juste une année.

Quant au travail domestique et du care, qui est crucial à la reproduction sociale du capitalisme, il n’est toujours pas reconnu. Les violences faites aux femmes et le harcèlement sexuel sont d’autres domaines où les femmes sont renvoyées au statut d’êtres de seconde zone. La mollesse avec laquelle les autorités s’emparent du problème montre tout le déni qu’on leur réserve.

En Suisse, une femme sur quatre a subi des violences psychiques, physiques et/ou sexuelles graves au moins une fois dans sa vie, en moyenne 22 femmes par an sont tuées par leur partenaire ou leur ex–partenaire, et 60% des adolescentes sont victimes d’agressions sexuelles. Si l’on considère les femmes migrantes, bien plus vulnérables, ces constats sont encore plus appuyés.

Que les réactionnaires se cramponnent à leurs certitudes et à leurs institutions n’est pas étonnant. Ce sont les flux et les reflux de nos revendications féministes, anticapitalistes et antiracistes qui poussent le pouvoir dans le dos et œuvrent au changement pour l’égalité. Alors que les autorités politiques traînent les pieds, les mouvements féministes à l’échelle internationale nous rappellent l’urgence de lutter en utilisant tous les moyens que nous avons à disposition, en particulier les mobilisations collectives et la grève.

En Suisse, les femmes ont ainsi décidé de passer à l’offensive à travers une année de mobilisations en vue d’une grève féministe rappelant celle de 1991. solidaritéS appelle donc à la manifestation nationale #ENOUGH18 le 22 septembre à Berne et à la grève générale féministe du 14 juin 2019!

IL