Hilcona

Hilcona : Salarié·e·s sacrifié·e·s

Le 2 novembre, le syndicat UNIA a organisé une action pour dénoncer les conditions de travail indignes chez Hilcona, à Orbe. solidaritéS était sur place en signe de soutien et a rencontré des (ex-)employé·e·s.


Protestation de salarié·e·s d’Hilcona devant l’entreprise à Orbe, 2 novembre 2018.

Vous voulez prévoir des activités avec vos enfants durant vos congés? Chez Hilcona, pas question: le planning des équipes est prévu pour au mieux une semaine et change sans arrêt. Le seul moyen de voir les modifications est de venir sur place. Il n’est pas rare d’arriver sur son lieu de travail pour découvrir qu’on ne travaille pas ce jour-là, ou qu’on commence deux heures plus tard que prévu.

On peut vous appeler à 4 heures du matin pendant vos congés pour vous demander d’assurer un remplacement. Les équipes de nuit doivent remplacer les équipes de jour. Vous devez régulièrement travailler six jours sur sept, parfois plus de 12 heures d’affilée. En somme, pas question d’avoir une vie privée: il faut être toujours disponible.

Et il arrive qu’on vous annonce plusieurs jours de congé quelques jours à l’avance: autant d’heures non travaillées que vous devrez à l’entreprise à votre retour.

Trimer pour trois fois rien

Le tout pour des salaires dérisoires. À peine 4000 francs pour un 100% uniquement de nuit et avec plusieurs années d’ancienneté. Quant aux temporaires, parfois là depuis de nombreuses années, l’entreprise les rémunère en dessous du salaire d’usage des employé·e·s fixes et, de plus, en dessous du minimum fixé par la convention collective de la location des services.

Sans compter des conditions de travail rudes: aux mouvements répétitifs s’ajoute le froid de certaines salles – 0 à 2 degrés dans les frigos, 7 en production. Conséquence: arthrose, tendinites, problèmes de dos.

Entre ces conditions difficiles et le manque de formation des temporaires, le travail avec des machines et des produits dangereux occasionne des accidents. Ceux-ci ont doublé depuis l’année dernière et on en compte déjà une quarantaine pour 2018.

Et l’entreprise s’offre le luxe de mettre sous pression les personnes en arrêt maladie ou accident pour les faire revenir plus tôt.

Climat de terreur

Comment expliquer que personne ne se révolte? Par le climat de terreur et le mépris affiché par les chefs et la direction. Pour intimider les salarié·e·s, ces derniers « exhibent les menaces de licenciement ». Des employé·e·s expliquent: « Tu t’accroches pour garantir tes papiers. Avoir un travail c’est primordial, on est piégé. »

Car Hilcona engage surtout des étrangères et étrangers et profite sans scrupule de leur situation. La plupart peinent à trouver un autre emploi et, pour conserver leur permis, subissent en silence. Silence renforcé au sens propre par la décision de la direction, il y a un an, d’interdire toute autre langue que le français sur le lieu de travail, quand la quasi-totalité du personnel ne maîtrise pas la langue.

Des bénéfices record

Dans un tel climat, les anecdotes sordides ne manquent pas. Il y a un mois, une employée s’est urinée dessus, après que son chef a refusé d’arrêter la ligne pour la laisser aller aux toilettes. Les dividendes des actionnaires valent bien quelques humiliations.

D’après les témoignages, la situation s’est (encore) détériorée ces deux dernières années. Le syndicat rappelle que cela coïncide avec le rachat par Bell Food, c’est-à-dire Coop.

Il est inacceptable que Hil-cona, propriété de groupes qui engrangent des bénéfices record, n’offre pas à ses salarié·e·s des conditions de travail dignes.

AG


Hilcona Gourmet SA

  • Un peu moins de 600 salarié·e·s travaillent sur le site d’Orbe, dont environ un tiers de temporaires.
  • Le site produit pizzas, sandwiches, plats cuisinés, surgelés, conserves, soupes, etc.
  • Les débouchés sont le commerce de détail, les grossistes, l’industrie de la restauration. En ce qui concerne le commerce de détail, la Coop achète 60% de la production avec la marque Betty Bossi. Viennent ensuite d’autres détaillants, comme Manor, Aldi ou les kiosques.
  • En mai 2017, le groupe Bell, propriété de Coop, rachète Hilcona.

BELL

  • Chiffre d’affaires de 3,6 milliards en 2017.
  • Bénéfice de 106,5 millions de francs en 2017.

Coop

  • CA de 29 milliards en 2017.
  • Bénéfice de 485 millions de francs en 2017.
  • En termes de marge brute, Coop arrive à la deuxième place européenne parmi les commerçants de détail.