Eternit déboutée… Renforcer la mobilisation

Eternit déboutée… Renforcer la mobilisation

On l’a appris le 1er septembre, l’entraide judiciaire demandée par le juge turinois Raffaele Guariniello a été finalement accordée.


En novembre 2001, le magistrat italien avait ouvert une procédure pénale pour homicide involontaire à l’encontre d’Eternit, aujourd’hui Anova, appartenant au groupe Holcim (Schmidheiny). Plusieurs anciens travailleurs-euses des usines Eternit de Niederurnen (GL) et Payerne (VD) sont en effet décédés des suites du mésothéliome de la plèvre après le retour dans leur pays d’origine. La demande d’entraide judiciaire visait à obtenir de la part d’Eternit la liste des salarié-e-s employés dans ses usines.


Il s’agit d’un pas important dans la reconnaissance de la responsabilité de l’entreprise, mais ne reste qu’une étape d’un combat difficile. En effet, l’entraide judiciaire qui vient d’être accordée, malgré le recours d’Eternit, permettra au magistrat de connaître les identités, la durée et les caractéristiques des activités exercées dans ces usines et d’accéder aux dossiers de la Suva, mais elle est limitée aux seuls travailleurs/euses italiens qui sont rentrés chez eux. Il s’agit donc d’une justice très partielle, puisqu’il n’y aura aucune investigation concernant les employé-e-s non italiens ou italiens toujours résidents en Suisse.


Eternit a employé environ 2500 travailleurs italiens depuis sa fondation au début du 20e siècle. Dans les années 1950-60, elle était à l’apogée de sa production. Depuis la fin des années 1950, les dangers de l’amiante ont été mis en évidence et, au cours des années 1960, les preuves scientifiques de sa léthalité ont été apportées définitivement. Pourtant, Eternit a continué à produire de l’amiante jusqu’en 1990. La ligne défensive de cette multinationale consiste à nier l’évidence. Il faut dire que pour lui venir en aide, ainsi qu’à d’autres industriels de l’amiante, de nombreux scientifiques n’ont pas hésité, en dépit de l’éthique professionnelle, à produire des travaux induisant des doutes quant au lien de causalité entre ce produit et la mort de ceux et de celles qu’il a contaminés.


En Suisse, au moins 200 personnes meurent chaque année des maladies liées à l’amiante. Parmi elles, un nombre croissant de personnes qui n’ont jamais manipulé directement ces produits, mais qui y ont été exposées dans leur environnement professionnel ou de vie, à cause de l’usage qui en a été fait (et cela continue!) comme matière d’isolation. Il y a 20 ans, grâce à la mobilisation de militant-e-s d’extrême gauche, une liste d’environ 4000 bâtiments floqués à l’amiante avait été rendue publique. La question qu’il faut poser avec force maintenant, c’est de savoir où on en est par rapport à l’état de ces bâtiments et à leur déflocage.

(fi)