Syngenta, touche pas au Brésil!
La multinationale, dont le siège est à Bâle, vient d’être condamnée pour un crime commis en 2007 au Brésil. Elle continue par contre de vendre librement ses produits toxiques dans le pays.
Souvenons-nous de l’indignation citoyenne soulevée par les crimes commis par Syngenta à l’époque de l’assassinat de Keno, un militant du Mouvement des paysans sans-terre (MST) au Brésil, en novembre 2007 (voir solidaritéS Nº 117).
Dans l’après-midi du dimanche 21 octobre 2007, 40 tueurs engagés par wSyngenta envahissaient un campement du MST et assassinaient Valmir Mota de Oliveira, ou Keno. Le 29 novembre 2018, Syngenta a finalement été reconnue coupable en appel devant les tribunaux de l’État de Paraná, au sud du Brésil. La multinationale a ainsi été condamnée à dédommager la famille de la victime.
Mais pendant ce temps, Syngenta continue de vendre ses produits toxiques au Brésil, comme le Paraquat, qui fait l’objet de lobbying intense contre sa prohibition. La multinationale a par exemple invité dans ses laboratoires suisses un groupe de parlementaires en 2017, et elle a fait pression sur le directeur de l’agence sanitaire brésilienne pour remettre à 2020 la prohibition de ce produit.
Mais il ne s’agit nullement d’un point hors de la courbe: Syngenta est bien accompagnée dans ses agissements crapuleux à l’étranger, et notamment au Brésil, où Glencore, Vitol et Trafigura, d’autres entreprises dont le siège se trouve en Suisse, sont accusés d’avoir versé 31 millions de dollars en pots-de-vin à des fonctionnaires de Petrobras [voir page précédente].
Il faut de toute urgence établir des mécanismes de contrôle contre la voracité sans scrupule des multinationales qui, non contentes de profiter de la fiscalité paradisiaque de la Suisse, s’en vont intoxiquer des peuples et corrompre des gouvernements partout dans le monde.
Tiago Saboga