Ligue du LOL

Ligue du LOL : Boy's club et réseaux sociaux

En 2010, sous le nom de « Ligue du LOL », des journalistes et communicants parisiens ont harcelé sur Twitter, ciblant principalement des femmes et des personnes racisées. Ils font enfin face aux conséquences de leurs actes.

Cette histoire est typique d’une mécanique de «Boy’s club», ces groupes composés majoritairement d’hommes blancs hétérosexuels privilégiés qui ont pour objectif, consciemment ou non, de permettre et de légitimer l’exercice du pouvoir masculin et blanc. Comme l’expliquent certaines victimes, notamment Daria Marx, bloggeuse et auteure, dans un post sur Twitter, c’est le fait de défendre des idées progressistes qui l’a transformée en cible de ce «Boy’s club». Cette notion, développée par la chercheuse Martine Delvaux dans un article de Terrafemina, peut se définir comme «un dispositif, c’est-à-dire une structure, une organisation, un système, qui se déploie dans des lieux précis, permettant l’installation et l’exercice du pouvoir masculin (en particulier blanc et hétérosexuel).» Par exemple, pourraient être considérés comme des Boy’s club: les fraternités des universités américaines, les sociétés secrètes non mixtes ou tout simplement l’équipe de foot du coin.

Dans ce cadre, Twitter a constitué un espace qui a permis de populariser et diffuser plus largement des concepts progressistes (culture du viol, intersectionalité, grossophobie, etc.) et a joué un rôle dans la construction de nouveaux outils pour les mouvements féministes dans l’espace francophone. Vincent Glad, fondateur de la Ligue du LOL, le reconnaît lui-même dans un long post d’excuse publié sur Twitter le 10 février 2019: «Je n’ai pas vu que nous avions fait taire avec nos blagues les premières féministes quand elles sont apparues sur les réseaux vers 2011–2012».

En considérant des phénomènes comme la Ligue du LOL non pas comme des groupes qui auraient été trop loin, parce que trop jeunes et un peu stupides, mais bien comme un outil de pouvoir, il est plus facile de saisir comment les combattre. Ici, l’individuel ne sera jamais suffisant, c’est un rapport de force collectif qu’il faut instituer. C’est d’ailleurs parce que des personnes se sont mises à réfléchir ensemble, se sont rendues comptes qu’elles n’étaient pas seules, que l’histoire a éclaté.

À l’heure actuelle, 9 des membres de la Ligue du LOL ont été mis à pied ou à l’écart et des dizaines d’articles continuent de fleurir sur les réseaux, poussant plus loin la réflexion et la lutte contre les Boy’s Club et le patriarcat.

Maimouna Mayoraz

  1. On peut en lire un extrait dans un article de Cheek Magazin publié le 11 février 2019.
  2. «Boys club decryptage du phénomène par la spécialiste Martine Delvaux» sur terrafemina.com