Grève dans la fonction publique déclarée illicite

La Caisse de Pension du Personnel Fribourgeois (CPPEF) ne va pourtant pas aussi mal que le gouvernement veut le faire croire. Au 31 décembre 2017, le taux de couverture se situait à 79,3%. Le rapport annuel de la CPPEF mentionne d’ailleurs que les résultats de 2017 sont réjouissants. Alors que l’État de Fribourg n’est prêt à mettre que 500 millions de francs pour compenser les pertes dues au passage à la primauté des cotisations, l’État du Valais a injecté 1,6 milliards de francs pour un nombre d’affilié·e·s deux fois moins nombreux.

Le canton de Genève prévoit lui d’injecter plus de 4 milliards de francs. Malgré une fortune d’un milliard de francs, le gouvernement fribourgeois reste toujours aussi peu distributif et privilégie des investissements soi-disant plus rentables que les services publics.

Depuis l’annonce des mesures d’assainissement de la CPPEF, aucune négociation n’a pu être entamée entre les organisations syndicales et le gouvernement. Le Conseil d’État établit sa stratégie d’assainissement de la caisse de pension sur deux points essentiels: la diminution du taux technique et le passage d’un régime de prestations à un régime de cotisation. Ainsi les rentes diminueront fortement: elles pourraient baisser jusqu’à 1500 francs par mois! Et il faudra travailler 4 ans de plus pour toucher une rente nettement diminuée.

Manœuvre d’intimidation

Le 20 février 2019, 4000 salarié·e·s de l’État sont descendu·e·s dans la rue. Cela n’a pas suffi au Conseil d’État. Les négociations étant prévues en mai, un débrayage d’une heure le 30 avril prochain a été décidé par l’Assemblée générale de la fonction publique, organisée conjointement par la FEDE et le SSP.

Craignant un débrayage massif, le Conseil d’État a écrit le 3 avril à l’ensemble du personnel de la fonction publique, pour informer que ce débrayage sera considéré comme illicite. Le gouvernement se fonde sur une modification de la loi qui n’est pas encore entrée en vigueur, cette dernière l’étant seulement à partir de juillet 2019. Le SSP conteste formellement cette interprétation, qui va à l’encontre du droit de grève consacré par les Constitutions cantonale et fédérale.

Cette manœuvre d’intimidation a fait couler beaucoup d’encre mais n’a pas démobilisé pour autant. solidaritéS Fribourg exprime tout son soutien à cette mobilisation.

Giulia Snozzi