Visibiliser la lutte des invisibilisées
Le 1er juin 2019, une cinquantaine de personnes s’est réunie à Lausanne pour discuter de la question du travail sexuel dans le cadre de la grève des femmes*.
Spectacle du festival SNAP de création artistique en lien avec le travail du sexe.
La soirée a débuté avec le film documentaire français de Marianne Chargois, Empower, qui met en perspective la lutte des travailleuses sexuelles, en traçant notamment trois portraits reflétant des parcours de vie et des milieux socioéconomiques différents. Un documentaire qui donne la parole aux premières concernées et qui fait entendre leur propre analyse politique de ce travail si stigmatisé par la société.
Si elles avancent toutes l’idée que ce stigmate est en large partie dû au mouvement abolitionniste, tout comme le droit à la répression qui en découle quasi naturellement, elles dénoncent aussi l’État et les médias comme complices. Il s’agit ainsi des frappes continues venant surtout des « féministes d’État » qui, en propageant une idée humanitariste de la soi-disant protection, confisquent leur droit à l’autodétermination.
Des arguments qui ont également fait l’unanimité parmi les intervenantes – travailleuses sexuelles, activiste de Fleur de Pavé comme assistante et doctorante en études genre. Le mouvement de la grève féministe que nous construisons doit ainsi récuser tant le « féminisme d’État » que les « fémocrates » qui font alliance avec les politiques néolibérales. Un féminisme qui est aujourd’hui présent dans les instances du pouvoir et qui a pour caractéristique d’opprimer, au nom des droits des femmes.
Une oppression qui se manifeste par la production des normes sociales et juridiques empêchant les femmes – ici les travailleuses sexuelles mais c’est valable aussi pour les femmes musulmanes ou mendiantes – à décider librement de leurs corps et de leurs vies. La grève féministe qui se veut un mouvement d’émancipation doit prôner un féminisme de la totalité, tout en se séparant de ces logiques dangereuses pour les femmes!
Tamara KneÅeviÄÂ