L’armée suisse parviendra-t-elle à vaincre le Covid-19 ?

L’arsenal de Genève, avril 2020
L’arsenal de Genève est soumis à un trafic incessant. Jour et nuit les camions militaires se rendent dans les casernes du bout du canton pour chercher des centaines de soldats.

Quelque 8000 soldat·e·s ont été mobilisé·e·s, pour jouer les auxiliaires du personnel hospitalier civil. Mais comme l’explique l’un d’eux : « Alors que les cas de Covid-19 augmentaient, nous sommes allés tirer avec nos armes, nous avons eu une instruction sur la garde armée, sur l’utilisation du gaz poivre et de la tenue pour faire face à une attaque nucléaire » (RTS info, 27 mars).

Plus affligeant encore pour cette armée qui nous coûte des milliards et s’apprête à acheter de nouveaux avions de combat : « Ni masques, ni désinfectants ne sont fournis » souligne un soldat (Ibid.).

Le système de santé a tenu bon, au prix d’efforts extraordinaires du personnel médical. Certains hôpitaux avaient concentré leurs forces sur les soins intensifs, mettant au chômage les autres services, remplacés partiellement par des militaires : « les hôpitaux mettent du personnel au chômage partiel ou sur la touche pour profiter de militaires ‹gratuits› qui n’ont pas le quart de leur expérience » (RTS Info, 16 avril). Bref, ces soldats sont comme des éléphants dans un magasin de porcelaine cherchant à aider la vendeuse.

Quand on aime, on ne compte pas (surtout avec l’argent du contribuable). Mobiliser en moyenne 5000 soldat·e·s pendant deux mois, ajouter 4000 travailleurs·euses hospitalier au chômage partiel, cela nous donnera environ 100 millions à couvrir.

À côté de chez moi se trouve un EMS où deux soldats « montent la garde », assis sur une chaise ! Je leur ai demandé ce qu’ils faisaient là. « On note les noms des infirmiers qui rentrent, et parfois on nettoie l’ascenseur ». À chacun sa manière de lutter contre le coronavirus.

Daniel Künzi