A lire

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Marc Ferro, sous la dir. de, Le Livre noir du colonialisme. XVIe-XXIe siècle: de l’extermination à la repentance, Paris, Laffont, 2003, 843 p.

Une vingtaine d’auteurs s’expriment sur les affres du colonialisme. L’introduction de Marx Ferro fait un clin d’oeil à Hannah Arendt, qui donnait une place de choix au colonialisme dans la généalogie du totalitarisme. Elle se poursuit par une réflexion d’Aimé Césaire: «Ce que le très chrétien bourgeois du XXe siècle ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, c’est le crime contre l’homme blanc (…) d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique». Ce livre propose une série d’éclairages sur l’autre versant de ce big bang des marchés européens qui, depuis le XVIe siècle, soumet, massacre et asservit l’autre moitié du monde. L’épaisseur du volume ne doit pas pour autant faire peur: chaque article peut être lu séparément.

Mike Davis, Génocides tropicaux. Catastrophes naturelles et famines coloniales. Aux origines du sous-développement, Paris, La Découverte, 2003, 479 p.

A la fin du XIXe siècle, plus de 50 millions d’Indiens, de Chinois, d’Africains et de Brésiliens sont morts dans d’épouvantables famines. Sécheresses et inondations, liées au phénomène climatique El niño, sont apparemment responsables de ces tragédies. En réalité, l’incidence meurtrière de ces accidents naturels découle des politiques libre-échangistes introduites par les puissances coloniales, de même que de l’indifférence des administrations européennes. Davis parle ainsi de véritables génocides. Chaque facette de ce drame est éclairé par des témoignages et des documents originaux, auxquels la force du récit communique une portée saisissante.

Les Cahiers de Critique Communiste, Mondialisation et impérialisme, Paris, Syllepse, 2003, 125 pages.

Dix brefs articles pour explorer les dessous de la mondialisation. Pour Michel Husson, c’est l’horizon même du capitalisme. Gérard Duménil et Dominique Lévy en explorent les contradictions internes. François Chesnais revient sur les particularités du capital financier. Robert Went discute la thèse de l’ultra-impérialisme, développée par Karl Kautsky, en 1914. Claude Serfaty envisage «la guerre sans limite» comme une caractéristique essentielle de l’impérialisme. Jean-Marie Harribey fait le lien entre crise écologique et globalisation, tandis que Stéphanie Treillet replace l’oppression des femmes dans le cadre de celle-ci. Enfin, Eric Toussaint dénonce les nouvelles formes de dépendance liées à la dette, Odile Castel analyse le rôle des institutions supranationales, et Gustave Messiah discute de la position de l’impérialisme français.

(jb)