Police et patron contre grévistes... Solidarité!

Police et patron contre grévistes… Solidarité!

Ce 1er décembre l’attention des médias était tournée vers l’ouverture de la législature des chambres, sous la présidence du milliardaire Christophe Blocher, doyen du Conseil national, qui a eu le culot, dans son discours initial, de se poser en défenseur de «ceux d’en bas» contre les «élites».


Au même moment, à Bâle, la police en tenue anti-émeute, aux ordres d’un gouvernement cantonal à majorité radicalo-blochérienne, intervenait brutalement et au mépris du droit, pour tenter de casser une grève de «ceux d’en bas», ou plutôt de «celles d’en bas», puisque la majorité de ces grévistes sont des femmes, dont de nombreuses immigrées.


Leur «crime»? Avoir entrepris de se défendre collectivement, avec l’appui de leur syndicat, contre la mise en oeuvre du programme néolibéral des Blocher et consorts. Le patron de l’entreprise en question, Allpack SA, prétend améliorer la «compétitivité» de sa société en mettant en cause radicalement les conditions de travail de ses employé-e-s (suppression du 13e mois de salaire et d’une semaine de vacances, passage de 40h. à 41h. de travail hebdomadaire annualiées, réduction de 5 semaine du congé-maternité). Dès le début du conflit, le 25 novembre, le patron avait licencié tous les grévistes… Quelques jours plus tard, les autorités aux ordres envoyaient leur police s’attaquer au piquet de grève, arrêtant des dizaines de personnes et en blessant plusieurs…


Ce qui s’est passé est grave et exige une solidarité de tous les travailleuses-eurs, mais aussi de toutes celles et de celles et ceux qui sont attachés aux droits démocratiques élémentaires que sont le droit de grève et la liberté syndicale.


C’est à ce même droit de grève, que devront recourir les travailleurs-euses du secteur public, dans le canton de Vaud, à Neuchâtel et à Genève… Confrontés aux effets d’un autre volet de la politique des Villiger, Couchepin et autres Blocher, ils se mobilisent aujourd’hui contre le démantèlement programmé des prestations du service public, l’attaque aux conditions de travail, de salaire et de statut, mais aussi le blocage de postes de travail socialement indispensables (santé, enseignement, etc.). La droite prétexte l’état calamiteux des finances publiques, alors qu’elle consent, jour après jour, des cadeaux fiscaux aux plus riches, au mépris de des droits sociaux et de l’intérêt de la majorité des habitant-e-s de ce pays.


En matière de «droits», c’est ceux des actionnaires, des banques et des fraudeurs du fisc qui ont été consacrés, le 2 décembre, par la décision de la majorité du Conseil national d’accepter l’initiative de l’UDC visant à inscrire le secret bancaire dans la Constitution, au nom de la «liberté individuelle». N’est-ce pqas aussi la «liberté individuelle» de se faire exploiter, que les matraques de la police bâloise sont venu défendre…


Ce même 2 décembre, à Genève, les partis de l’Entente bourgeoise démontraient eux aussi leur crainte des droits collectifs, en déposant un projet de loi visant à restreindre radicalement la liberté de manifester par des mesures inédites. Possibilité d’interdire une manifestation au vu de la «corrélation qui existe entre le thème de la manifestation et les troubles possibles»; choix par les autorités du lieu, de la date et de l’heure d’une manif; exigence d’un «service d’ordre interne subordonné à la police» et d’une assurance RC des organisateurs-trices; légalisation du fichage vidéo ou photo des manifestant-e-s; incorporation dans le droit genevois de l’infâme délit «d’émeute», qui fait des participant-e-s à un rassemblement les co-responsables de tout délit supposé commis dans le cadre de celui-ci; dispersion par la police de toute manifestation non explicitement autorisée, interdiction de tout tract ou info qui inciterait à «attenter à l’ordre public», etc.


On assiste aujourd’hui à un mariage étroit et à une corrélation immédiate – et nécessaire! – entre mesures en faveur des plus riches, attaques antisociales et contre les travailleurs-euses et attaques aux droits démocratiques et répression accrues. La tendance est internationale, à l’initiative de George W. Bush, imité par l’Union Européenne et par la droite helvétique enthousiaste.


Dans une telle situation, nous ne connaissons qu’une réponse: la solidarité, la mobilisation et l’organisation pour la défense collective de nos droits… Dans ce sens, il y a urgence à soutenir les grévistes d’Allpack. Messages et pétitions de soutien peuvent être envoyés sur le site du syndicat Comedia: www.comedia.ch.


Pierre VANEK