Petites histoires ordinaires à l’HFR

L’Hôpital public fribourgeois (HFR) manque de soutien politique. La population est mal desservie et le personnel est inquiet.

Action CoronaPrime devant l’hôpital fribourgeois, 1er mai 2020
Action devant l’hôpital, 1er mai 2020

Françoise est hospitalisée pour des douleurs insupportables qui pourraient être soulagées par une opération. Par manque de place dans le programme opératoire du site de Fribourg, elle doit patienter plusieurs jours, rester hospitalisée pour recevoir des traitements antidouleur puissants et des antibiotiques qui dégradent fortement sa qualité de vie.

Georges, infirmier anesthésiste à Riaz, accepte son transfert à Fribourg pour renforcer les équipes qui luttent contre le coronavirus. Après la crise, il ne retrouve pas son poste de travail à Riaz, puisque le bloc opératoire reste fermé pour une durée indéterminée. La direction des soins lui propose un poste au bloc opératoire de Fribourg début juin, pour finalement le renvoyer à Riaz. Sans concertation, son plan de travail est remanié et son poste de travail changé.

Fermetures à l’horizon

La direction de l’HFR se projette en 2030. Les lignes sont déjà définies, les bruits de couloir annoncent la fermeture définitive des blocs opératoires à Riaz et à Tavel, ainsi que la fermeture de leurs urgences pendant la nuit. Mais aucune communication officielle n’est concédée aux premiers·ères concerné·e·s: la population fribourgeoise et les employé·e·s de l’HFR.

Les changements sont effectués au coup par coup. Voilà, par exemple, l’une des raisons pour lesquelles Françoise doit patienter. Les blocs opératoires de Riaz et Tavel restent fermés, et les blocs du site de Fribourg sont plus que surchargés. 

Le personnel soignant et d’intendance a été mis à rude épreuve, avec des changements d’horaire, de lieu de travail, la mise en place des mesures de protection et la charge mentale que cela implique. La sortie de crise s’avère cauchemardesque, puisqu’il faut rattraper le travail qui n’a pas pu être effectué pendant la crise sanitaire, continuer à gérer les urgences que seul le service public prend en charge, et surtout craindre de nouvelles mesures d’économie. L’éternel ping-pong entre le Conseil d’État fribourgeois et la direction de l’HFR pour la répartition des frais risque de compromettre une reconnaissance financière de l’effort fourni par le personnel l’HFR. Et le personnel infirmier se trouve toujours dans un barème de salaire inférieur à celui des instituteurs·trices. Il serait grand temps de reconnaître les professions soignantes à leur juste valeur. 

Pierre Girardet