Soins dentaires

Le Conseil d’État s’oppose à une assurance dentaire publique

Le gouvernement cantonal accouche d’une souris en soumettant un contre-projet de taxe sur les boissons sucrées et de prévention scolaire pour s’opposer à l’initiative de la gauche neuchâteloise pour une assurance dentaire publique.

Campagne soins dentaires, Lausanne, 2018
En mars 2018 dans le canton de Vaud, une initiative similaire n’avait recueilli que 42,5 % d’opinions favorables.

Le financement des soins dentaires en Suisse reste intégralement à charge des personnes privées (à l’exception des personnes qui relèvent de l’aide sociale), sans mécanisme de solidarité. Que celles et ceux qui ne peuvent pas payer se débrouillent ! Le cynisme des bourgeois a été rappelé par l’inénarrable Philippe Jobin, député UDC vaudois : « Quand on n’a plus de dents, on peut toujours manger avec une paille. » 

Nous avons proposé à la gauche, dans les cantons de Vaud, Genève et Neuchâtel, des initiatives pour les soins dentaires. Elles ont échoué en vote populaire dans les cantons de Vaud et Genève. L’initiative neuchâteloise propose une assurance qui prend en charge les mesures de prévention, les soins dentaires de base. Son financement serait assuré par un prélèvement paritaire sur les salaires analogues à celui de l’assurance-vieillesse et survivants (AVS) ainsi que par une contribution des collectivités publiques.

Tou·te·s solidaires

Le contre-projet du Conseil d’État, à majorité de gauche comme le Grand Conseil, n’est pas étonnant, car il s’est engagé auprès des entreprises à ne pas augmenter les prélèvements sur les salaires. La double majorité de gauche y compris le PS n’y fait rien : obnubilé par une conception punitive et libérale de la santé bucco–dentaire, le Conseil d’État veut taxer le sucre pour financer des mesures de prévention envers les populations vulnérables, principalement les enfants et les personnes âgées. Fort bien, mais cette taxe, payée principalement par les milieux populaires, devrait avoir une vertu préventive en dissuadant la consommation, tout en étant modeste pour ne pas affecter les consommateurs et consommatrices ; on marche sur la tête. La prophylaxie scolaire et la prévention sont présentées comme les seules réponses à ce problème de santé publique. 

La balle est maintenant dans le camp du comité d’initiative. Nous y défendrons le maintien de l’initiative puisque les deux points essentiels, à savoir la prise en charge pour toutes et tous et un financement solidaire, sont absents du contre-projet.

Dimitri Paratte   Henri Vuilliomenet