Justice pour Mike Ben Peter
Le collectif Kiboko adresse une lettre aux responsables politiques et annonce une grande manifestation en automne.
Le 23 juillet dernier, des expert·e·s médicaux·ales étaient entendu·e·s par la justice dans le cadre du décès de Mike Ben Peter, quadragénaire nigérian tué par la police à Lausanne en février 2018. Les participant·e·s à cette séance étaient attendu·e·s par une dizaine de militant·es du collectif Kiboko, posté·e·s dès 7 h 45 à Renens, devant le Ministère public central.
Le soir même, une deuxième action a été menée sur la place de la Palud, réunissant une centaine de personnes et dont le point d’orgue symbolique a été l’aveuglement de la statue ornant la fontaine et représentant la justice.
Méthode dangereuse
Les proches de Mike et les militant·e·s contre les violences policières n’ont jamais cessé de lutter pour que justice soit rendue. C’est dans ce contexte que s’est créé le collectif Kiboko en 2018. S’il se bat contre le profilage racial et le racisme antinoir en général, sa priorité actuelle est de maintenir la pression sur la procédure liée à Mike Ben Peter.
Pour rappel, Mike avait été brutalisé et immobilisé par six agents de police dans une ruelle proche de la gare de Lausanne. Pour ce faire, les policiers ont usé du plaquage ventral, méthode extrêmement violente et dangereuse, pouvant mener à l’asphyxie. Face contre terre, mains dans le dos, jambes relevées et cinq policiers qui le maintiennent en s’appuyant sur son dos, comme l’a démontré une reconstitution. Au terme de cette procédure, Mike a été emmené au CHUV, inconscient, où il est décédé le lendemain. L’autopsie a par ailleurs fait état de nombreux hématomes, de côtes cassées et autres lésions, notamment au niveau des parties génitales.
Racisme institutionnel
Si le collectif Kiboko se rappelle au souvenir de la justice, c’est que les premières expertises médicales pointaient de multiples causes au décès de Mike, comme sa forte corpulence ou son âge. Pourtant, la seule certitude, c’est que si Mike n’avait pas été brutalement interpellé en cette soirée de février 2018, il ne serait pas mort. Comme George Floyd, comme Adama Traoré, comme Lamin Fatty et comme les milliers de personnes noires anonymes victimes du racisme institutionnel.
Kiboko a édité des cartes postales à signer, disponibles dans de nombreux lieux lausannois, adressées à M. Hildbrand et à Mme Métraux, respectivement en charge de la Sécurité lausannoise et vaudoise. Quatre revendications principales y sont listées : la suspension des policiers impliqués dans la mort de Mike (toujours en service!), la mise en place d’une instance indépendante de dépôt de plainte contre les abus policiers, l’interdiction du plaquage ventral et la distribution d’un reçu lors de chaque contrôle de police. Si M. Hildbrand n’a pas réagi à ces doléances, la Verte Mme Métraux les a balayées dans la presse. Espérons que la grande manifestation antiraciste prévue en automne leur rappellera qu’il·elle ne se débarrasseront pas de nous par le mépris et l’indifférence.
Margaux Lang
Lieux où l’on trouve les cartes postales : Art’Henia, Café du Simplon, le Cylure, les Grandes Roches, la Solderie…