L'énergie et la moindre mesure

En 2010, la loi sur l’énergie cantonale neuchâteloise s’était vue contrecarrée par un référendum qui avait alors fait capoter la réforme énergétique. Malheureusement, la nouvelle mouture de la loi, acceptée par le parlement début septembre, est bien insuffisante au vu du contexte actuel.

Grève du climat, Neuchâtel, 4 septembre 2020
Grève du climat, Neuchâtel, 4 septembre 2020

La nouvelle loi ne tient aucunement compte de l’état d’urgence actuel, j’en veux pour preuve qu’elle n’envisage même pas la fin du recours aux énergies fossiles.

Certes, elle amène quelques améliorations, bien insuffisantes. Premièrement, celle-ci pose les jalons d’un fort encouragement de la voiture électrique alors que l’approvisionnement en énergie renouvelable n’est pas garanti. 

À l’heure actuelle, près de 40 % de l’électricité européenne est produite par le charbon. Qu’en sera-t-il lorsque tout le parc automobile sera converti à l’électricité (l’impact de la voiture électrique sur le réchauffement climatique est, dans le meilleur des cas, égal à 70 % de celui d’une voiture à essence) ? La production comme le recyclage des batteries sont très polluants. De plus, les problèmes sociaux et sanitaires, notamment le travail des enfants, liés à l’extraction et au raffinage de métaux rares dans les pays du sud sont alarmants. La voiture électrique ne fera qu’accroître la domination et l’écrasement du capitalisme « vert » sur les pays du sud.

Deuxièmement, la réduction du gouffre énergétique lié au chauffage des bâtiments doit être une priorité. Le recours au chauffage aux énergies renouvelables doit être encouragé par des mesures contraignantes. Certes, les Verts ont réussi à faire passer un amendement qui réclame que lors du remplacement de chaudière, les énergies renouvelables puissent être privilégiées, mais les effets n’aboutiront jamais sans mesures coercitives.

Les surcoûts de ces améliorations ne devraient en aucun cas être répercutés sur les loyers des locataires puisque la valeur immobilière augmentera.

Nous devons mener une politique de conviction qui ne se contente pas de la moindre mesure. Le réchauffement climatique n’attend pas. La menace du référendum a joué les marchands de sable (bitumineux) et endormi tout le monde, tous les groupes ont accepté une loi sur l’énergie en 2020 qui ne tend pas vers la sortie des énergies fossiles, et ça, c’est inacceptable. 

Zoé Bachmann