Les relations sino-suisses durant la Guerre froide

L’historien Cyril Cordoba analyse les activités développées en Suisse par des associations d’amitié avec la Chine, entre 1949 et 1989.

Alphil

 F ondé sur de nombreuses archives inédites et une vingtaine d’entretiens, l’ouvrage Au-delà du rideau de bambou – Relations culturelles et amitiés politiques sino-suisses (1949–1989) est divisé en trois parties.

La première (« Diplomaties et propagandes sino-suisses ») revient sur les échanges officiels mis en place pendant la Guerre froide entre la République populaire de Chine (RPC) et la Suisse. Cyril Cordoba y démontre que ces relations ont été très maigres, en raison avant tout d’un profond anticommunisme helvétique. C’est pourquoi Pékin a misé sur une véritable diplomatie parallèle (dite « de peuple à peuple ») pour dialoguer avec des interlocuteur·rice·s qu’elle a elle-même choisi·e·s : les « amis de la Chine ».

Milieux prochinois sous surveillance

Dans la partie suivante (« Les visages changeants de l’amitié »), l’auteur retrace l’histoire de ces milieux prochinois en Suisse, des années 1950 aux années 1980. On découvre alors la surveillance dont ces groupes ont été l’objet de la part de la police fédérale helvétique, jusqu’à ce que les élites politiques et économiques suisses acceptent de dialoguer avec eux, au moment où de vastes réformes ont été entreprises par Deng Xiaoping au début des années 1980.

Dans la troisième et dernière partie de l’ouvrage (« Culture et politique prochinoises »), l’historien insiste sur la fidélité des maoïstes suisses au discours diffusé par la propagande chinoise. À travers une analyse de leurs pratiques militantes et prises de positions idéologiques, il met en avant les rétributions matérielles et symboliques reçues par les partisan·e·s de Pékin, des voyages organisés en Chine à la distribution de Petits Livres rouges.

Tout en faisant preuve d’un style clair et accessible, Cyril Cordoba offre ici un riche et passionnant panorama des relations sino-suisses. En se penchant sur les stratégies déployées par la Chine pour développer son influence en Occident, il démontre que Pékin a, au final, mis en place un système de nature clientéliste reposant sur ses « ami·e·s étranger·ère·s ».

Leïla S.