Industrie automobile

Un faux air de changement

L’industrie automobile capitaliste joue actuellement son avenir sur un changement technologique. Mais réduire les émissions de CO₂ ne signifie absolument pas réduire le trafic automobile, ni le nombre de véhicules fabriqués, synonymes de dividendes pour les actionnaires.

Un concept-car de Toyota à propulsion à hydrogène de 2013 avec des manchots
Un concept-car de Toyota à propulsion à hydrogène de 2013

Pour les constructeurs, l’enjeu actuel est de remplacer le parc automobile actuel en l’espace de 30 ans. L’argument écologique masque la réalité commerciale. Le but est de maintenir la croissance d’un secteur majeur des économies capitalistes. Le développement des véhicules hybrides permettrait de conserver l’appareil de production actuel, tout en laissant croire que le virage de l’électrification est amorcé. Le tout arrosé de larges subventions publiques pour l’acquisition de nouveaux véhicules.

Ce processus reste encore handicapé par le manque d’infrastructures de recharge. Transformer le réseau de stations-services pétrolières en centrales de recharge n’est ni gratuit ni immédiat. Cela représente le principal obstacle. Enfin, comment produire l’électricité sans énergie fossile ? Le lobby nucléaire pointe son nez.

L’hydrogène remplace la batterie

S’il est impératif de réduire l’importance du parc de véhicules individuels dans une perspective de sobriété énergétique et de réduction de la pollution, la mobilité individuelle restera encore nécessaire à cause de la dispersion géographique des populations.

Pour répondre au défi technologique de la transformation du parc automobile, le moteur à hydrogène représente une alternative intéressante aux moteurs électriques. Le principe physique est simple. Une pile dite à combustible transforme une réserve d’hydrogène en électricité.
Cependant il ne s’agit pas de concevoir un remplacement à l’identique. Les projets écosocialistes doivent inclure une réduction sensible du parc automobile par une substitution au moyen d’autres modes de transport et par des changements dans l’aménagement du territoire et dans les développements urbains. En premier lieu pour respecter les objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre. D’autres raisons de santé publique (bruit, pollution, espace public, ressources naturelles) et de sobriété écologique justifient un remplacement rapide de l’antique moteur à explosion par un autre équipement. La motorisation à base d’hydrogène servira aussi d’autres modes de transport collectif (bus, tramways), transport routier et maritime.

Une nouvelle carte de l’électricité

Actuellement, l’hydrogène reste produit largement (95 %) à partir des matières fossiles. Une autre technique consiste à l’obtenir par électrolyse, au moyen de sources d’énergies renouvelables (solaire, éolien, marée motrice).

La production d’électricité à partir de l’énergie solaire représente un potentiel immense. Le rayonnement solaire est gratuit, et il couvre toute la planète. Certaines régions sont plus favorables à une production de masse pour des raisons géographiques : grand ensoleillement, disponibilité de grandes surfaces désertes. Cela implique un redéploiement de la géographie de la production électrique telle qu’on la connaît aujourd’hui.

L’installation de grandes centrales solaires dans les zones semi-désertiques de tous les continents permettrait de redessiner une nouvelle carte énergétique.

La synthèse de l’hydrogène rend possible le stockage de l’énergie solaire et la rendre disponible dans d’autres endroits de la planète bénéficiant de moins d’ensoleillement ou de moins d’espace pour y installer les capteurs solaires. Ce déploiement n’est pas contradictoire avec un développement de capteurs solaires dans les zones urbaines et avec une production locale. La diversification et la décentralisation des sources énergétiques, tout comme la sobriété énergétique, devrait devenir une pratique généralisée.

La transformation de la production d’énergie sous la forme d’hydrogène permettrait la création d’emplois industriels et assurerait à beaucoup de pays une indépendance énergétique en comptant sur des exportations socialement et écologiquement durables. Ces projets devraient s’inscrire dans une planification éco-socialiste de production et de consommation, appliquée par des groupes publics soucieux de la préservation de l’environnement et des populations.
L’industrie automobile actuelle devra être largement redimensionnée et reconvertie. Des nouveaux emplois et une réduction du temps de travail remplaceraient alors les activités présentes.

José Sanchez