Pologne

Le patriarcat renforce l’austérité

Après des politiques anti-LGBT virulentes, la Pologne se démarque à nouveau en réduisant l’accès à l’avortement.

Manifestation/grève des femmes, Varsovie, 27 octobre 2020

En fin d’année passée, plusieurs communes de Pologne mettaient en place des « Zones libres d’idéologie LGBT ». Celles-ci incarnent la volonté d’élu·e·s locaux·ales qui affirmaient la nécessité de freiner l’expansion de « l’idéologie LGBT ». Ces zones représentent un danger pour la liberté d’expression, les droits parentaux, l’éducation sexuelle dans les écoles, etc.

Si ces zones ne possèdent juridiquement aucun statut particulier, l’impact de telles actions n’est pas à sous-estimer. En effet, la baisse des ressources financières et matérielles usuellement allouées par les politiques locales aux associations et événements représente de facto une politique d’austérité qui vise spécifiquement les personnes LGBTQ+. De telles politiques renforcent la répression et la discrimination, légitimées par le gouvernement, des membres des communautés LGBTQ+

Plusieurs associations LGBTQ+ se sont rapidement réunies afin de riposter face à une vague de suicides et au virage répressif pris par les forces de l’ordre face aux manifestations LGBTQ+ de l’été. Une large action de protestation a été menée dans toutes les villes, y compris en accrochant des drapeaux arc-en-ciel aux statues, balcons, mairies et autres lieux symboliques. Cette mobilisation s’est soldée notamment par l’arrestation d’une militante trans* qui se retrouve incarcérée… dans une prison pour hommes. Encore un symptôme d’une politique d’État profondément patriarcale, conservatrice et répressive.

Un écho dans le Parlement européen

Les institutions de l’Union européenne ont mis en place des sanctions financières, tandis qu’une lettre ouverte a été adressée aux autorités polonaises signée par plus de cinquante pays pour dénoncer cette situation. Sur les réseaux sociaux, dans les rues et devant les ambassades, s’organisent des rassemblements au nom de la solidarité féministe internationale et internationaliste.

Durant le weekend du 24 et 25 octobre, de nombreuses mobilisations populaires ont été organisées en Pologne pour protester face au durcissement de l’accès à l’avortement. Les politiques antiféministes, au même titre que les anti-LGBTQ+, s’inscrivent dans le maintien d’un ordre patriarcal promu et renforcé par le gouvernement ultraconservateur polonais.
Les mouvements féministes et queer montrent néanmoins tous les jours leur force d’action collective qu’ils mettront en œuvre autant qu’il le faudra pour exiger la fin des violences et en définitive, du cishétéropatriarcat.

Clara Almeida Lozar