Biélorussie

Une contestation populaire qui continue

Depuis 3 mois déjà, le Belarus est ébranlé par un mouvement de protestation populaire de large ampleur.

Une femme biélorusse tient une rose lors d'une manifestation à Minsk, 26 octobre 2020
Manifestation à Minsk, 26 octobre 2020

Les fraudes électorales à large échelle et le refus d’Alexander Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, de quitter la présidence ont poussé plusieurs dizaines de milliers de personnes à descendre dans les rues. La brutalité policière alimente davantage la mobilisation, en y entrainant des masses de gens auparavant apolitiques. La mauvaise gestion de la pandémie de Covid-19 renforce aussi la colère populaire. Le président bélarusse nie l’existence même du virus. Cette attitude a fortement contribué à sa perte de crédibilité au sein de la population.  

La dégradation rampante du niveau de vie est aussi l’une des causes du mécontentement. En effet, l’économie biélorusse est fortement dépendante des subventions de la part de la Russie qui restent sa principale source de subsistance. Grâce au soutien russe, Loukachenko pouvait en effet « acheter » la paix sociale dans son pays. En échange, Poutine exigeait la loyauté économique et géopolitique de son voisin. Cependant, Moscou est elle-même dans une situation économique et politique très délicate depuis son intervention militaire en Ukraine en 2014 et n’a plus les mêmes moyens pour garantir la stabilité du régime de Loukachenko. L’appauvrissement de la population couplé au renforcement de violence étatique est ainsi à la racine de la révolte actuelle.  

Au lendemain de manifestations massives, une grève générale a été lancée le 26 octobre dernier. Les ouvriers·ères du secteur industriel, les étudiant·e·s, les gymnasien·ne·s et les enseignant·e·s sont à l’avant-garde de ce mouvement et s’organisent en réseaux d’entraide. Cette grève constitue un évènement sans précédent pour le Belarus où durant les 25 dernières années le régime détruisait méticuleusement tout mécanisme d’auto-organisation par le bas.

Plus que jamais, les classes populaires organisées doivent prendre l’initiative en faveur de changements politiques et sociaux afin d’empêcher une récupération de ce mouvement réellement populaire par des forces opposées à leurs intérêts, qu’elles soient pro-russes ou pro-occidentales.

Adelaïde Pougatchiova