Biélorussie

Irruption de la protestation populaire

Depuis le 9 août, la Biélorussie est le théâtre de protestations populaires contre la réélection, jugée frauduleuse, du président Alexander Loukachenko, au pouvoir depuis 1994.  

Manifestation pour la Biélorussie
Alley Danesh

Les résultats de la présidentielle ont accordé à Loukachenko un score triomphal de 80 %. Cependant, ce chiffre ne correspond guère aux observations recueillies lors du dépouillement des votes. Le soir des élections, des milliers des personnes sont descendues dans la rue pour dénoncer les fraudes électorales. Les manifestations se sont répandues à travers le pays. Les femmes, vêtues de blanc et brandissant des fleurs, ont également rejoint le mouvement en formant des chaînes humaines dans les rues.  

Violente répression 

Malgré le caractère pacifique du mouvement, il a été violemment réprimé par la police antiémeute, faisant au moins deux morts et donnant lieu à 7000 arrestations. 

Les détenu·e·s libéré·e·s, souvent de simples passant·e·s, sont nombreux·euses à déclarer avoir subi des humiliations, des viols et des actes de tortures dans les centres d’incarcération. Malgré cette brutalité policière extrême, la détermination des classes populaires biélorusses n’a jamais été aussi forte. 

Grève générale

Le mouvement de protestation a pris une tournure décisive le 10 août avec l’annonce d’une grève générale illimitée qui commencera quatre jours plus tard. Les travailleurs·euses des secteurs de l’industrie, des transports, du commerce et des technologies de l’information se sont joint·e·s aux contestataires. Les grévistes exigent la libération de toutes les personnes détenues lors des manifestations et de nouvelles élections équitables et transparentes. 

Près d’une cinquantaine de grandes usines sont occupées par les travailleurs·euses, entraînant tout le pays dans la grève. Le mouvement est ascendant, en intensité comme en amplitude, et est en train d’aboutir à la création de comités de grève sur les lieux de travail. Les médecins, les étudiant·e·s, les employé·e·s du secteur culturel apportent leur soutien public. Ce qui se passe actuellement en Biélorussie constitue la plus grande grève industrielle en Europe depuis trente ans. 

Lundi 17 août, le président, venu « parler » avec les grévistes de l’usine MZKT en les menaçant de licenciement, a dû s’enfuir en hélicoptère sous les cris de colère. Ces derniers évènements démontrent une fois de plus que la résistance et l’auto-organisation des salarié·e·s sont le seul moyen qui peut défier le régime autoritaire et garantir le succès du mouvement populaire de masse. Le soutien aux classes populaires biélorusse s’impose !  

Adelaïde Pougatchiova