Relançons la Grève pour l’Avenir

Rendez-vous le vendredi 21 mai 2021

Initialement prévue le 15 mai 2020, la Grève pour l’Avenir prépare une première grande journée d’actions et de grèves le vendredi 21 mai 2021. État des lieux et perspectives politiques d’un projet plus que jamais nécessaire.

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Grève du climat, Lausanne, 4 septembre 2020
Martin Peikert

Le projet de la Grève pour l’Avenir a été initié en octobre 2019 par les collectifs de la Grève du Climat. Il vise à mieux inclure les salarié·e·s et syndicats ainsi que la Grève féministe dans la lutte écologiste. Une implication indispensable pour opérer un changement réel de système en esquissant l’horizon de la « grève générale » qui implique de remettre en cause la sacro-sainte Paix du travail, si chère au patronat et à certaines directions syndicales. S’ajoutant à un démarrage tardif et difficile du projet, la pandémie a réduit la mobilisation de masse du 15 mai 2020 à une journée symbolique faite d’actions décentralisées rebaptisée Challenge for Future.

Depuis plusieurs semaines, toutefois, des réunions nationales, cantonales et locales sont organisées pour relancer l’organisation de la Grève pour l’Avenir. Une coordination nationale davantage représentative, ainsi qu’une structure mieux définie et fonctionnelle contribuent à relancer les collectifs préexistants. Lors de la dernière réunion nationale, la grande majorité des organisations (Grève du Climat, Grève féministe, syndicats, associations écologistes, XR, solidaritéS ainsi que d’autres collectifs citoyens et des indépendant·e·s) s’est prononcée en faveur d’une première grande journée d’actions et grèves pour la justice climatique, l’égalité et l’emploi qui aura lieu le vendredi 21 mai 2021.

Construire un mouvement de base et populaire

L’ambition est grande : construire un mouvement démocratique et diversifié, qui s’organiserait principalement à l’échelle locale et régionale dans des « groupes climatiques » sur nos lieux d’habitation, de formation et de travail. En créant et faisant vivre proactivement ces collectifs, l’intention est de les voir ensuite s’auto-­organiser et se fédérer autour de mobilisations collectives de masse. Progressivement, ces différents groupes devraient, idéalement, construire des alternatives et résistances concrètes en mutualisant les expériences préexistantes. Au demeurant, de tels espaces de contre-pouvoir sont nécessaires à la relocalisation et à la réappropriation de la démocratie directe comme du pouvoir politique.

Défendre un programme d’urgence en commun

Dimanche 13 juin, soit trois semaines après la mobilisation du 21 mai 2021, la population suisse sera appelée à voter sur la dernière révision de la Loi sur le CO₂. Pour plusieurs composantes, il s’agit d’un compromis acceptable, une première étape nécessaire. Pour d’autres, il s’agit d’une compromission intolérable, de la légitimation et du maintien du statu quo, voire d’une régression, en raison de l’approfondissement des logiques néolibérales de ladite loi.

Concernant la Grève pour l’Avenir, ces divergences idéologiques et tactiques importent peu : par-delà, il s’agit d’envisager l’après Loi sur le CO₂, en faisant place à une nouvelle manière de traiter de la catastrophe climatique, soit en liant les crises écologique, économique, sanitaire et sociale. Car nous avons désormais moins de 10 ans pour « limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C, il faut modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société » dans les pays industrialisés, nous nous devons donc d’élaborer et défendre un programme d’urgence en commun le 21 mai 2021. En plus des plans (d’urgence) et des revendications des autres organisations, les bases sont prêtes pour la rédaction d’un manifeste réactualisé et de revendications communes.

Réaliser des convergences concrètes pour préparer une grève générale

Une première solution simple pour que la « convergence des luttes » ne soit plus un slogan creux consiste à discuter et reconnaître nos divergences, qu’elles soient idéologiques ou stratégiques. Faisons plutôt de ces différences une valeur garante de la pluralité et de la résilience de la Grève pour l’Avenir.

Ne reproduisons pas les mêmes erreurs qu’autrefois. Planifions soigneusement nos résistances et nos solidarités ! Partout, il convient aussi rapidement que possible, mais aussi lentement que nécessaire d’ouvrir des discussions d’une part sur la réalisation d’une mobilisation unitaire à l’automne 2021, d’autre part sur la thématique des retraites. Un sujet qui pourrait lui aussi faire converger les organisations participantes autour de revendications communes. 

Steven Tamburini

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