Stop aux économies sur le dos de la fonction publique
Avec plus de 6000 personnes en grève les 15 et 29 octobre derniers, c’est un personnel déterminé qui s’est mobilisé pour exprimer son refus des mesures d’économies concoctées par le Conseil d’État dans le cadre du projet de budget 2021. La lutte pour défendre les conditions de travail des salarié·e·s de la fonction publique ne fait que commencer.

Les assemblées du personnel comme les manifestations organisées par le Cartel intersyndical du personnel de l’État et du secteur subventionné durant le mois d’octobre ont clairement fait comprendre qu’il était inacceptable de vouloir couper de manière linéaire dans les salaires (diminution de 1 %) et de supprimer l’augmentation annuelle en 2021.
Grèves et manifestations à venir
Les résolutions adoptées par le personnel exigent le retrait des deux projets de loi adoptés par le Grand Conseil genevois, qui s’attaquent aux salaires des employé·e·s. Le Conseil d’État se refusant pour l’instant à revenir sur ces textes qui dégradent les revenus de la fonction publique, un nouveau préavis de grève a été déposé pour le 18 novembre. Par cette détermination, les salarié·e·s entendent non seulement combattre les mesures d’économies actuelles, mais aussi celles qu’on voit venir pour demain. Il s’agit en particulier des attaques contre la caisse de pension, prévoyant une modification de la répartition employé·e/employeur, au profit de ce dernier.
Si la coupe linéaire de 1 %, mesure aussi inédite qu’inique, devrait en principe être rejetée par le Parlement lors du vote du budget 2021, la suppression de l’annuité reste, comme pratiquement chaque année, un levier pour faire semblant de combler le manque de recettes. Or, ce sont les politiques d’austérité et les cadeaux aux plus riches qui, année après année, font perdre des centaines de millions à l’État et détériorent ainsi les prestations à la population.
Défendre tou·te·s ensemble les services publics
Usant du contexte sanitaire actuel, le Conseil d’État cherche à culpabiliser les employé·e·s en leur demandant un « effort de solidarité », alors qu’elles et ils se sont dépensé·e·s sans compter pour être au front, parfois au détriment de leur propre santé. C’est injuste. Les efforts de « solidarité » avec les secteurs et personnes affectées par la crise sanitaire ne sauraient être compensés par des détériorations des conditions de travail du personnel des services publics ; au contraire, seule une plus juste redistribution des richesses pourra résoudre cette crise. Il est ainsi nécessaire d’exiger que les ressources soient prélevées auprès des acteurs les moins prétérités par cette situation de crise. Il est de même illusoire et inapproprié de s’obstiner à trouver des moyens d’équilibrer le budget de l’État en portant atteinte aux conditions de travail du personnel sans encore connaitre les impacts à long terme de la RFFA (réforme de l’imposition des entreprises) et de la crise du Covid-19.
Face à un employeur qui n’a pas d’autre proposition que de couper dans les salaires, le danger, étant donné que ces mesures d’économies ne convainquent plus grand monde, réside dans les velléités toujours vivaces à droite de supprimer des postes, au prétexte facile qu’ils seraient pléthoriques. Or, pour faire fonctionner les services de l’État et assurer les prestations à la population, en tenant compte de l’évolution démographique, les besoins se chiffrent en centaines de postes supplémentaires.
Ce n’est pas au personnel de payer la crise
La mobilisation exemplaire du personnel doit permettre de dénoncer l’utilisation de la pandémie comme prétexte pour renforcer les politiques antisociales d’austérité et pour baisser les salaires. Vouloir sanctionner le personnel, notamment soignant, au front depuis février, n’est pas admissible. Et ce d’autant plus que l’État n’entre pas en matière sur les primes et revalorisations salariales attendues, et refuse de remettre en question les réformes fiscales successives qui font perdre des centaines de millions de francs – sommes propres à rétablir un budget cantonal acceptable.
Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement projette de réduire de 15 % l’impôt sur la fortune. Enfin, il n’est pas acceptable que le Conseil d’État veuille contourner la volonté du peuple, qui a accepté la recapitalisation de la caisse de pension (CPEG), en faisant payer la facture aux employé·e·s par une modification de la répartition des cotisations (perte salariale de 2,4 %).
Olivier Baud