Les distributions alimentaires face à une précarité croissante

Les maux amenés par la crise du Covid exacerbent la précarité. En réponse, de nombreuses chaînes de distributions de denrées alimentaires ont décuplé leur activité à Lausanne.

Récolte de dons des Cartons du cœur, octobre 2020
Récolte de dons des Cartons du cœur, octobre 2020

Les aides étatiques n’étant pas assez accessibles, ni suffisantes, des associations dans la région du grand Lausanne comme la Fondation Mère Sofia, les Cartons du Cœur ou Solid-ère investissent ce domaine essentiel en proposant des colis de produits alimentaires et d’hygiène de base.

Depuis le début de la crise sanitaire, ces associations constatent une nette augmentation des personnes dans le besoin. Or, la deuxième vague fragilise une nouvelle frange de population, qui doit demander une aide ; les indépendant·e·s dont les aides financières sont insuffisantes, les étudiant·e·s, privé·e·s pour la plupart de leurs sources de revenus ou encore les employé·e·s dans la restauration. Ces nouveaux groupes s’ajoutent aux populations qui bénéficiaient déjà des aides avant la crise, comme les personnes sans-papiers et/ou sans permis de travail qui sont durement touchées. La Centrale Alimentaire Région Lausannoise (CA-RL), principale fournisseuse de 34 associations d’aide alimentaire, constate une nette augmentation de la demande durant ces derniers mois, bien plus importante que pendant la première vague.

L’offre ne suit pas la demande

La CA-RL s’inquiète du moment où les réserves alimentaires et financières commenceront à manquer et où elle ne sera plus en mesure de faire face aux sollicitations. De plus, les associations notent une baisse importante des dons de privé·e·s qui, jusqu’à maintenant, leur permettaient de compléter les colis distribués. De surcroît, la période de Noël arrive et elle est réputée pour engendrer une augmentation des demandes d’aide alimentaire. C’est donc à flux tendu que, chaque semaine, ces associations assument les distributions.

La nécessité d’un État social fort

Malgré l’invisibilisation de leurs actions par l’État et les médias, les associations sont donc aux premières loges pour ressentir les répercussions économiques et sociales de la crise. Ces dernières étant vouées à se prolonger, nous serons confronté·e·s à une précarisation des populations et donc à une augmentation croissante des demandes. Il est intolérable qu’en Suisse, un des pays les plus riches du monde, aucune aide financière publique supplémentaire pour les plus précaires ne soit mise en place. L’accès à des produits de première nécessité doit être garanti pour tou·te·s. Même si l’action privée est louable, il est plus que nécessaire que l’État se saisisse de la lutte contre la précarité en intégrant ces organisations au service public, en salariant et pérennisant les places de travail des bénévoles d’aujourd’hui.

Clara Fonjallaz