Cachez ce sexisme structurel que je ne saurais voir
Cachez ce sexisme structurel que je ne saurais voir
Le compte Instagram @payetonepfl, créé par Polyquity, l’association féministe de l’EPFL, publie des témoignages de harcèlement sexiste sur le campus et met en lumière la profondeur des structures sexistes à l’EPFL.

Des violences quotidiennes et omniprésentes
Lors de la grève féministe du 14 juin 2019, des étudiantes de l’EPFL ont organisé une première lecture publique de témoignages de sexisme quotidien sur le campus. Elles sont désormais organisées en association : Polyquity. Il y a quelques semaines, elle a lancé @payetonepfl.
Tout y est : remarques déplacées en soirée, commentaires sexistes pendant les cours, copains étrangers à la notion de consentement, viol dans et hors du couple, commentaires homo- et transphobes. De nombreuses personnes témoignent du fait que les auteurs de ces agressions sont des amis proches, des personnes de confiance. Souvent, ce sont aussi des professeurs ou des assistants. Les témoins affirment la difficulté de vivre quotidiennement ces violences, qui participent probablement au phénomène leaky pipeline (diminution progressive du pourcentage de femmes au cours des études, pour arriver à une majorité d’hommes à la fin).
Face au sexisme, le déni de la direction
La réaction de la direction à ces témoignages, montre qu’elle n’a ni les clés ni la volonté de proposer des solutions. De un, elle nie le caractère structurel du problème en individualisant les cas. La direction invite toute personne qui subit du harcèlement à le dénoncer auprès des structures internes. Or, les témoignages montrent qu’elles dysfonctionnent : même en cas d’aveu, les auteurs ne sont pas mis à l’écart des personnes harcelées. De plus, ce n’est pas aux personnes harcelées de résoudre le problème du sexisme structurel : c’est à la direction de débloquer les ressources nécessaires pour qu’un changement ait lieu.
De deux, au lieu de reconnaître le problème, la direction se vante de sa proactivité, ainsi que du soutien offert à Polyquity et aux personnes harcelées. Or, tous les efforts existants ont été faits par des étudiante·x·s. La réaction de la direction de l’EPFL montre que pour que le problème soit reconnu pour ce qu’il est – un sexisme structurel qui se manifeste dans une violence quotidienne – il faut continuer à se battre. Organisons-nous dans des associations formelles et informelles pour dénoncer les structures sexistes de cette école. Exigeons que la lutte contre le sexisme ne soit pas reléguée à un bureau en sous-effectif et déconnecté, mais qu’elle devienne une priorité et s’inscrive dans les structures et stratégies de tous les niveaux de l’école : direction, facultés, recherche et enseignement.
Franziska Meinherz