Grèce

Gouvernement en crise, nouvel élan pour le mouvement

Quand le parti de droite Nouvelle Démocratie arrivait au pouvoir, il y a un an et demi, le fraîchement élu premier ministre Kyriakos Mitsotakis  avait promis d’être le « chef de l’unité ». Son échec est fracassant.

Une manifestante parle dans un mégaphone, athènes, mars 2021
Manifestation étudiante à Athènes, 10 mars 2021

« Nouvelle Démocratie », les attaques contre
les acquis populaires

Face à la crise économique – et à la pandémie venue l’empirer – le gouvernement de Mitsotakis a décidé de s’attaquer aux acquis restants des travailleurs·euses et de la jeunesse. La première réforme, au milieu de l’été 2019, avait pour objectif de mettre fin à « l’autonomie de l’asile universitaire ». La loi permettait à la police d’entrer dans les établissements universitaires pour faire cesser, même violemment, les sit-in, les manifestations, les occupations, sous le prétexte de la défense de la poursuite des cours. 

Lors de la découverte des premiers cas de Covid-19 en Chine, le porte-parole du gouvernement grec se montrait rassurant et déclarait : « Nous sommes hors de danger et bien préparés. » Il n’y a eu que très peu de cas lors de la première vague, moins de 10 morts jusqu’en juin. Pour le grand capital du tourisme, il était impératif que le pays reste ouvert pour les voyageurs·euses. Aucune mesure de restriction n’a donc été mise en place. Les cas ont dès lors augmenté considérablement lors des deuxièmes et troisièmes vagues, aboutissant à des hôpitaux surchargés et environ 7000 mort·e·s depuis octobre 2020.

Les quatre mois de confinement continu n’y ont rien fait, les mesures ne paient pas, car il s’agit de mesures de répression sans aucune efficacité. Les gens continuent de s’entasser dans les transports publics et leurs lieux de travail, où les protections sont insuffisantes. En même temps, les hôpitaux publics sont délaissés, sans aucune embauche depuis l’année passée. Ils s’apprêtent même à subir des coupes de 520 millions d’euros pour l’exercice 2021. 

Face à cette situation, le personnel hospitalier ne pouvait que se mettre en grève, ce qu’il a fait plusieurs fois depuis avril 2020. Le gouvernement s’est alors investi dans une attaque violente contre les militant·e·s syndicaux·ales du milieu hospitalier : ceux et celles qui dévoilent les mensonges du gouvernement concernant l’évolution de la pandémie et l’avancement des vaccinations subissent licenciements et affectations punitives.

Malgré la pandémie et la répression, résistance et grèves !

Néanmoins, on observe une montée des résistances ces derniers mois. Tout d’abord, la condamnation d’Aube dorée le 7 octobre 2020 par la justice a été le couronnement d’une longue lutte du mouvement antiraciste et antifasciste. Ce n’est pas la fin de l’extrême droite mais c’est un sérieux revers, et cela a permis, parmi d’autres éléments, l’absence d’un mouvement anti–masque, anti-vaccin et complotiste. Cette décision a aussi été un moment de bascule pour le mouvement de protestation contre le gouvernement de droite.

Les grèves et les manifestations se sont alors multipliées, malgré les tentatives du gouvernement de les empêcher par des interdictions, des arrestations et des amendes en masse.

Après le creux de la période de Noël, la ministre de l’Education a proposé une réforme durcissant l’accès aux études supérieures et la création d’une force policière permanente à l’intérieur des universités. C’était la goutte de trop. Depuis fin janvier, les étudiant·e·s maintiennent une présence quasi continue dans les rues et ne se sont pas arrêté·e·s lorsque la réforme a été votée. Parallèlement, des grèves essaiment dans les hôpitaux, les écoles, les ports ou encore les milieux artistiques et culturels. 

Le 8 mars, la Journée mondiale des droits des femmes a donné lieu à un débrayage de quatre heures plus massif que les années précédentes. 

Face à cette résistance, la répression des forces de police n’a cessé de croître contre les manifestant·e·s, multipliant également les amendes dans l’espace public. 

Rendez-vous le 20 mars

Le 20 mars, nous serons à nouveau dans la rue, aux côtés des migrant·e·s et des réfugié·e·s pour revendiquer la scolarisation de tous les enfants sans exception, la fermeture des camps de concentration, la possibilité pour les réfugié·e·s de vivre dans nos quartiers et l’accès aux soins et au vaccin pour tou·te·s. Nous demandons également l’ouverture des frontières et que des papiers soient délivrés à tou·te·s.

Le mouvement de protestation a démontré qu’il est possible de faire grève et manifester sans que cela ne constitue un obstacle à l’endiguement de la pandémie. 

La poursuite et l’escalade des luttes sont plus que nécessaires, car le gouvernement n’a pour l’instant cédé sur aucune demande du mouvement, comme la réquisition des cliniques privées, l’augmentation des transports publics et du personnel de nettoyage ou encore la diminution des effectifs dans les écoles.

Dimitris Daskalakis